L’institut Pasteur à Alger

INSTITUT PASTEUR d’ALGER.

 

Historique de l’Institut Pasteur d’Alger.

L’Institut Pasteur d’Alger fut créé en 1894, sur l’initiative des Docteurs J. B. TROLARD et H. SOULIE. Il avait pour mission au départ, d’assurer le traitement antirabique des personnes mordues

En l’an 1900, l’Institut Pasteur de Paris détacha à Alger une mission permanente, dirigée par les frères Edmond et Etienne SERGENT, pour vérifier les hypothèses émises par le Docteur Alphonse LAVERAN sur l’agent du paludisme.

Conformément aux conclusions de la mission, fut créé le 31 décembre 1909, l’Institut Pasteur d’Algérie, né de la fusion entre cette mission et l’Institut Pasteur d’Alger.

L’Institut Pasteur d’Algérie fut considéré comme un Institut d’Outre-mer, rattaché à la maison-mère et placé sous la tutelle des autorités coloniales locales, à la suite d’un contrat signé entre C. JONNART, gouverneur général de l’Algérie et l’Institut Pasteur de Paris dirigé par le Docteur Jean ROUX.

Ce contrat définit l’Institut Pasteur d’Algérie comme « le centre de recherches scientifiques d’après les méthodes pasteuriennes » auquel est confié « l’étude des maladies virulentes de l’homme, des animaux et des plantes intéressant l’Algérie et les pays de l’Afrique du Nord, l’enseignement des méthodes micro biologiques, l’organisation et la direction de tous les travaux, missions et études scientifiques se rapportant aux recherches micro biologiques ou intéressant la santé publique en Algérie ».

La direction de cet Institut fut confiée au Docteur Albert CALMETTE (de 1910 à 1912) ,  puis au Docteur Edmond SERGENT (de 1912 à 1962). L’action de cet établissement, limitée tout d’abord au service antirabique, s’étendit bientôt à la préparation des sérums et vaccins, à l’organisation du service antipaludique, et d’une façon générale, à l’étude de la pathologie algérienne.

 

Contre les maladies

D’après les frères Sergent, deux Pastoriens, pour endiguer le paludisme,   la « quininisation » systématique des porteurs de germes était le seul moyen de stérilisation du réservoir de virus. C’est pourquoi il fut décidé une méthode de distribution de la quinine à tous les habitants d’une localité « fiévreuse ».

Pour beaucoup d’autres maladies, l’action de l’Institut Pasteur rendit des services irremplaçables avant l’ère des antibiotiques : sérothérapie du typhus, de la poliomyélite et vaccination antityphoïdique.

Les frères Sergent avec Parrot, Donatien et Béguet étudièrent le « bouton d’Orient » ou « clou de Biskra » ; Ils apportèrent la preuve que c’est la piqûre d’un moucheron nocturne, le phlébotome qui provoque ce bouton par inoculation de leishmania.

Le départ massif des cadres français en 1962 , contraint l’Institut Pasteur d’Algérie à arrêter momentanément ses activités scientifiques. Le Docteur BEGUET assurera l’intérim jusqu’au mois d’avril 1963.

 

Contre les maladies du palmier et des animaux.

Sergent et Bégué déterminèrent l’agent causal du « bayoud », maladie du palmier, un champignon se propageant dans le stipe. Ils remplacèrent les palmiers malades par une variété reconnue naturellement résistante.

L’Institut Pasteur reconnut l’agent de la piroplasmose transmise par les tiques et qui frappait les bovins d’ictère. Il proposa un vaccin préventif efficace. D’autres vaccins protégèrent, chevaux, mulets et ânes contre la lymphangite cryptococcique et les chèvres contre la brucellose (fièvre de Malte des humains)

Plus importante encore avait été la vaccination contre la clavelée, maladie du mouton. De 1913 à 1914, 28 millions de doses furent fabriquées, dont une partie fut fournie à plusieurs pays étrangers.

Dans le Sud, dès 1902 les frères Sergent avaient démontré que le « débab » du dromadaire était provoqué par un hématozoaire et transmis par la piqûre des taons dans le bled, des stomoxes dans les fondouks. Ils l’avaient combattu avec succès par chimiothérapie et par mesures préventives.

Le Maréchal Franchet d’Espérey pourra déclarer aux fêtes du Centenaire en 1930 : « la lutte contre la malaria aura été le chef-d’œuvre colonial en Algérie »

En 1962, nous pouvions affirmer que le paludisme n’était plus un fléau, mais seulement un souvenir 

 

 

 

Un marécage

Histoire d’un marais algérien

« La vocation agricole de l’Institut PASTEUR d’Algérie s’était concrétisée à partir de 1927 par une démonstration pratique ayant valeur de symbole.

« L’histoire d’un marais algérien » écrite par les frères SERGENT est le plus beau des romans. Un domaine de 300 hectares acquis dans un site mitidjien réputé malsain encore, près de Birtouta, aux Ouled Mendil, allait permettre d’appliquer à la lettre les directives du Dr ROUX « prendre une terre inculte rendue inhabitable par le paludisme et montrer que, grâce aux méthodes prophylactiques modernes, on peut  d`emblée cultiver ces terres et y vivre en bonne santé »

On laissa un quart d’hectare en son état primitif comme témoin de ce qu’il y avait avant la colonisation française ; on assainit tout le reste par de judicieux drainages ; on planta 26 000 arbres ; on usa de tous les moyens de défense et de prévention, tant pour les autochtones sur place que pour les Européens venus y résider : les uns et les autres obtinrent des cultures fécondes et un cheptel magnifique.

Ainsi, ce marais métamorphosé, microcosme de notre agriculture algérienne sur fond de souffrances et de morts, était-il parvenu au prix d’immenses efforts conjugués, obstinés et intelligents, à un véritable chef d’œuvre.

 

L’Institut Pasteur d’Algérie a été amené à s’occuper de questions pathologiques non microbiennes et de questions d’ordre économique.

Pathologie non microbienne.

L’expérience a prouvé :

1° – que des cas d’intoxication, causés par l’ingestion de cailles « vertes » (du printemps) étaient dus aux graines de ciguë dont s’étaient nourris les oiseaux, alors que les cailles de « chaume » de la migration automnale, au retour d’Europe n’étaient pas toxiques.

2° – qu’une quantité appréciable de vitamines antinévritiques B1 est conservée dans le riz étuvé.

3° -que la décoction de thé noir contient une substance toxique causant une véritable toxicomanie chez les populations indigènes d’Afrique du Nord.

Questions d’ordre économique.

1° – Hygiène rurale : le meilleur résultat pour obtenir des fosses à fumier sans mouches est obtenu  par la construction de fosses double à fonctionnement alternatif, à fermentation anaérobie.

2° – Rouissage des textiles : pendant la seconde guerre mondiale l’I.P. a improvisé la fabrication d’une excellente ficelle avec des tiges de lin ayant servi à la production de graines.

Il a également préparé, avec l’alpha une pâte pour fabriquer du papier d’emballage et des tissus grossiers.

3° – Duvet des chèvres rouges  du Sahara : l’I.P a montré que le duvet hivernal des chèvres rouges du Sahara, peut être filé et tissé pour donner des tissus analogues au châle de Cachemire.

 

 

L’Institut Pasteur d’Alger s‘illustre par les recherches d’Alphonse Laveran sur la transmission du paludisme dont il découvre l’hématozoaire. Il reçoit le prix Nobel de médecine en 1907.

Calmette a pu dire : « L’œuvre de Laveran apparaît aujourd’hui comme la plus importante en médecine et en hygiène après celle de Pasteur »

 

 

 

 

 

Les docteurs de l’Institut Pasteur, avec de nombreux collaborateurs, entreprirent de vastes études sur l’étiologie et le traitement des maladies algériennes, humaines, animales et végétales, en étroite liaison avec les médecins du bled ainsi que les vétérinaires et les agriculteurs, dans cet esprit de coopération polyvalente si développé chez tous ceux qui oeuvrèrent en Algérie.

On aura une idée de l’activité de l’Institut par le nombre de ses publications : 2276 titres.

 

Le  Gouverneur Général Théodore Steeg a condensé en 1926, en une brève formule, le programme assigné à l’activité de Institut Pasteur : « Asile de réflexion et d’expérience où la science se crée, où la science s’enseigne, où la science s’applique ».

 

Institut Pasteur d’Alger (Jardin d’essai)

 

 

                 

 

La Prémunition

L’Institut Pasteur a tiré de l’ensemble de ses recherches expérimentales une théorie qui intéresse à la fois la biologie générale et la médecine : la théorie de la Prémunition. A côté de l’immunité « vraie » que procure une première attaque de certaines maladies infectieuses (rougeole, scarlatine etc.) il distingue une autre forme de résistance acquise qu’il a désignée sous le nom de « Prémunition » et qui est caractérisée par le fait qu’après certaines autres maladies infectieuses (paludisme, piroplasmose, tuberculose, syphilis ) l’organisme ne résiste à une nouvelle contamination que tant qu’il héberge encore des microbes.

 

Assainissement de la Mitidja,

En 1830, près d’ALGER, la MITIDJA était une plaine marécageuse, inculte, infestée de moustiques (anophèles notamment) qui propageaient le paludisme. Cette maladie décimait la population indigène, misérable et souffreteuse.

L’armée, les médecins, le personnel médical, les religieux (Pères Blancs) puis nombre de ressortissants courageux et un peu aventuriers, aidés d’autres déracinés (Espagnols, Italiens, notamment), ont drainé cette plaine inhospitalière. Plus tard, ils ont creusé des canaux pour évacuer les eaux stagnantes. Ils ont planté d’importantes quantités d’eucalyptus qui ont pompé les eaux croupies tout en purifiant l’atmosphère. Ils ont introduit une variété de poissons (les gambouses) qui se nourrissaient des larves de moustiques dans les plans d’eaux que l’on ne pouvait évacuer. Ils ont ainsi assaini cette plaine.

Ainsi, cette pauvre Mitidja, créée par nos aïeux au prix de leur sueur et de leur sang, exploitée et entretenue par nos soins, est devenue cette magnifique région, luxuriante, riche, généreuse.

Il  en a été de même pour les autres régions marécageuses (Bône, Oran)

C’est là un des aspects de la présence française en Algérie.

 

Henry Foley

Henry Foley poursuit pendant 35 ans ses travaux scientifiques à la tête des laboratoires sahariens de l’I.P. à Alger et à Beni Ounif.

Il va continuer l’œuvre pédagogique, en formant jusqu’en 1955 tous les médecins appelés à servir dans les Territoires Sahariens, grâce au stage à l’I.P. d’Alger, stage qu’il a institué dès 1918.

Chronologie 

 

1894 Organisation d’un Institut Pasteur à Alger par deux professeurs de l’Ecole de Médecine : B. Trolard et H. Soulié, assurant le traitement antirabique, la vaccination antivariolique et la lutte antipaludique.
1900 Deux médecins élèves de l’I.P. de Paris, les frères Sergent, nés dans le Constantinois étaient envoyés à Alger en mission permanente.
1902 Dans le Sud les frères Sergent démontrent que le « debab » des dromadaires est provoqué par un hématozoaire et transmis par la piqûre des taons.
1907 Alphonse Laveran reçoit le Prix Nobel de Médecine.

Ed. Sergent et H. Foley découvrent le rôle du pou dans la transmission du typhus.

H. Foley crée  à Beni Ounif un laboratoire qui deviendra en 1911 « Laboratoire Saharien de l’Institut Pasteur d’Algérie »

1910 Le Gouverneur Général Jonnart confie la direction de l’Institut Pasteur d’Algérie au Dr Albert Calmette pour « l’étude des maladies virulentes et contagieuses de l’homme, des animaux et des plantes »
1912 Le Dr Edmond Sergent est nommé directeur jusqu’en 1962.
1913-1914 L’I.P. fournit 28 millions de doses de vaccins contre la clavelée (maladie du mouton)
1914 L’I.P. crée le vaccin triple contre la typhoïde et les paratyphoïdes appelé plus tard T.A.B.
1914-1916 Ed. Sergent expérimente un micro-organisme, isolé par F. d’Hérelle (coccobacillus acridiorum) pour la destruction des bandes de sauterelles pèlerines qui envahissent l’Algérie de manière régulière.
1921 Sergent et Béguet détectent l’agent causal du « bayoud » maladie du palmier de l’Oasis du Figuig.

Les frères Sergent, L. Parrot, A. Donatien et M Béguet font apparaître le rôle des phlébotomes, insectes piqueurs nocturnes dans la transmission de la leishmaniose cutanée, appelée aussi « bouton d’Orient ou clou de Biskra »

1922 Création d’un laboratoire saharien à Biskra.
1923 Ed. Sergent fonde la revue des « Archives de l’Institut Pasteur d’Algérie » qui succède aux « Archives des Instituts Pasteur d’Afrique du Nord »
De 1923 à 1961 L’I.P. a produit 3 656 000  doses de vaccins B.C.G.

Pendant la guerre 39-45 il fournissait les troupes alliées.

1927 La vocation de l’I.P. se concrétise par une démonstration pratique : Histoire d’un marais algérien.
1928 Vaccination antituberculeuse par le B.C.G. sur 20 000 sujets par H. Foley et L. Parrot, à Beni-Ounif de Figuig.
1930 Edmond Plantureux prépare un vaccin formolé contre la rage, destiné à la vaccination du chien avant morsure.
1935 La Société Des Nations fait appel à Ed. Sergent pour présider la Commission Mondiale du Paludisme.
1936 Etienne Sergent qui s’est attaché depuis 1932 à l’étude des scorpions sévissant en Algérie, met au point un sérum antiscorpionique.   (4000 cas sont ainsi soignés)
1943 L’I.P. a institué, avec un succès complet, les premières expériences qui aient été faites, dans le bassin méditerranéen,  sur l’action de la poudre DDT sur les poux.
1949 Démoustication systématique des habitations des Oasis de la région de Ouargla
1951-1952 Le chloriguane est remplacé par la nivaquine.

 

 

Nos sources :

Pour les frères Sergent : Archives Institut Pasteur

Pour Henry Foley : Paul Doury

L’œuvre de l’Institut Pasteur en Algérie par le Dr Edmond Sergent

www.pasteur-international.org

 

 

La médecine en Algérie de 1830 à 1962

    

LA MÉDECINE en ALGÉRIE

Situation sanitaire initiale

Après des siècles de guerres intestines et 300 ans d’occupation turque, il ne restait en Berbérie que quelques vestiges de la médecine arabe, brillante au Moyen-Âge, héritière du patrimoine hellénistes.

Par contre il arrivait que séjournât auprès d’un Consul quelque praticien piémontais, français, espagnol ou britannique comme Bowen auquel sera confiée la direction du premier hôpital civil aménagé par les Français.

C’est un étudiant allemand Pfeiffer, captif en 1826, devenu médecin du Khaznadji, qui soigna les blessés turcs et indigènes du débarquement, avant de les confier aux neuf chirurgiens français.

   En 1880 le docteur Laveran découvre l’agent du  paludisme

 

Médecins de Colonisation

Ce corps fut créé en 1853 par le Maréchal de Saint Arnaud.

A partir de 1944 les médecins de colonisation furent appelés Médecins de « l’Assistance Médico-Sociale d’Algérie » (A.M.S.A)

Leurs  journées  étaient  surchargées :

–    consultations (40 à 50 malades)

  • distributions de médicaments (le médecin était aussi pharmacien)
  • visites des malades hospitalisés,
  • interventions de petite chirurgie,

Trois fois par semaine, consultations plus spécialisées pour le paludisme, le trachome, la tuberculose, les maladies vénériennes.

Chaque semaine, visite des prostituées.

Entre ces séances, tournées hebdomadaires dans les douars.

Tous les 2 mois, inspection des écoles.

Quatre fois par an, assistance aux mères et nourrissons, tournées de vaccination.

Il est bon de rappeler l’aide appréciable, que les instituteurs (surtout ceux du Bled) apportèrent au Corps Médical souvent surchargé.

 

   Les soins de la France de l’enfant au vieillard.

 

  La mère supérieure des Sœurs de Saint Vincent de Paul  fait une piqûre à un centenaire (Ténès 1956).

 

Surprenant paradoxe, malgré le conflit, le développement matériel et sanitaire de l’Algérie était partout poursuivi. En 1958 le Plan Quinquennal mis au point sous la présidence de monsieur Salah Bouakouir (polytechnicien) prévoyait une place importante pour les réalisations de la Santé publique ; leur exécution fut entreprise et continuée jusqu’au bout.

Ce qui caractérisa fortement cette période fut l’importance de la médecine militaire dans le bled. Pendant près de 6 ans 700 jeunes médecins et 1300 infirmiers du contingent vinrent en aide aux équipes civiles déjà en place et débordées. Ils participèrent activement aux Sections Administratives Spécialisées ( S.A.S.) dans certains villages et les 1000 cités de regroupement.

Grâce à cette action combinée en pleine guerre, chaque mois plus d’un million de consultations étaient distribuées en Algérie aux populations indigènes.

 

Dépassant    à    peine    2 000 000     en 1872,  le nombre des Indigènes avait plus que quadruplé en moins d’un siècle : 9 000 000  en 1962.

Les médecins et les chirurgiens n’avaient pas seulement refoulé les épidémies, éradiqué les endémies diffuses, réduit la mortalité infantile, sauvé des vies condamnées, ils avaient conquis le cœur des populations.

 

L’expansion hospitalière

1913 – 5593 lits

1929 – 12000 lits

1953 – 24284 lits

1959 – 30793 lits

1960 – 31042 lits (1 pour 300 habitants) :

– 1 hôpital de Faculté (2000 lits),

– 2 hôpitaux de chefs-lieux de plus 1000 lits,

– 112 hôpitaux polyvalents dont 23 Centres Régionaux ; 14 spécialisés dont l’hôpital psychiatrique porté à plus de 1000 lits,

– 9 établissements privés dont 5 spécialisés.

Auxquels il faut ajouter, sanatoriums et préventoriums.

La Santé publique représentait une charge financière écrasante : le 1/10 du Budget de l’Algérie.

Le Corps médical  en 1961, comprenait : 2057 médecins civils,

700 médecins militaires,

 

Des  comparaisons  s’imposent :

les  autochtones  des USA  étaient  plus de  1 000 000  à  l’arrivée  des Blancs  et 237 000 en 1900. Il ne reste aujourd’hui que 280 000 Indiens au Canada.

 

 

Hôpital de Constantine

 

 

Beni Ounif

En 1906 le médecin Henry Foley est affecté à Beni Ounif de Figuig, petite oasis saharienne située dans le Sud Oranais à la frontière du Maroc.

 

Le Docteur Henry Foley examinant un malade

 

Beni Ounif en 1907

 

Dans les Territoires du Sud.

1918 – 15 infirmeries

1928 – 23 infirmeries, toutes dans des locaux préexistants,

puis constructions en   dur

1960 – 28 infirmeries-dispensaires pourvues de matériel moderne

avec salle d’opération, maternité, pharmacie. 25 d’entre

elles possèdent une installation radiologique.

Création de dispensaires anti-ophtalmiques.

 

Préventorium de Bugeaud

 

 

Les religieuses soignantes

Dès les premières années les religieuses soignantes arrivèrent en Algérie. Plus tard Mgr Lavigerie et ses sœurs missionnaires d’Afrique ouvrirent la voie à l’hospitalisation dans le bled en fondant 4 établissements : dans la vallée du Chélif à St Cyprien des Attafs, en Kabylie aux Beni-Menguellet, à Arris dans l’Aurès et à Biskra.

 

Grande a été la part des religieuses dans la diffusion de la médecine auprès des trois communautés. Les autochtones en particulier découvraient en elles une vocation, admirable et déroutante, sans équivalence dans l’Islam ou le Judaïsme. Ces femmes renonçaient à toute vie familiale pour se consacrer aux malheureux, « des anges descendus du ciel » disaient les Musulmans.

 

En 1834 le docteur Maillot prescrit la  quinine   pour lutter contre le paludisme

 

Camion médical de la Croix-Rouge  dans les faubourgs d’Alger.

 

 

Drapeau français et Croix-Rouge française : camion médical dans le bled en septembre 1959  à Taliounine, vallée de l’Isser.

Vaccination des jeunes enfants

 

Réalisations privées

Parallèlement au développement des Hôpitaux Publics, dès le début du siècle,  avaient  été  fondées  des Cliniques Privées bien aménagées et équipées  (Dr Stumpf à Alger, Dr Abadie et Jarsaillon à Oran).

Par la suite elles se multiplièrent même dans les villes moyennes. Leur essor rivalisa avec celui des hôpitaux. Avec les Maisons d’accouchement elles dépassaient la centaine.

De surcroît  la Sécurité Sociale s’installant en Algérie les Caisses Professionnelles ne tardèrent pas à construire des centres de Santé ainsi que, dans la banlieue d’Alger, une importante Clinique de pneumologie.

Vaste complexe hospitalier de Mustapha à Alger composé des 28 Services des professeurs de la Faculté de Médecine

 

 

La lutte contre les maladies locales

Sous l’autorité du Directeur de la Santé Publique du Gouvernement Général, en étroite liaison avec l’Institut Pasteur, une action énergique et concertée vint épauler celle des médecins administratifs dans le bled et dans les villes.

Le paludisme.

En 1830 les fièvres palustres étaient un fléau généralisé, pas seulement autour des marécages. La rate énorme du paludéen (splénomégalie) finissait par entraîner la mort.

Dès 1834 le docteur Maillot se fit l’apôtre de la quinine pour lutter contre le paludisme. Plus tard un service antipaludique comprenant un médecin directeur et quatre médecins paludologues dans chaque département, fut organisé. Il s’occupait  de mesures d’assainissement : –  suppression des eaux stagnantes ou peuplement des étangs et marais par des gambouses (petits poissons dévoreurs de moustiques) – épandage de DDT par avions et hélicoptères – distribution de comprimés à base de quinine aux personnes les plus exposées, près des cours d’eaux et des lacs.

Le paludisme n’était pas complètement éradiqué mais ne tuait plus.

La variole.

Elle y était à l’état endémique, tuant une fois sur deux, laissant après elle nombre d’aveugles.

L’immense travail de vaccination l’a fait disparaître chez les Européens, mais non totalement chez les Indigènes, qui s’y dérobaient encore quelquefois.

La syphilis.

Elle atteignait 60 à 80% de la population sous des modalités parfois sévèrement mutilantes ( 2 trous béants à la place du nez, perforation du palais)

Dès 1831 un dispensaire fut créé contre cette maladie et les maladies vénériennes.

Pour lutter contre ces fléaux, 164 dispensaires furent organisés. Ils étaient reliés aux laboratoires départementaux.

Dès 1943 les antibiotiques  commençaient à éradiquer ces affections.

Le kyste hydatique.

Le kyste hydatique du foie de la rate et du poumon, très répandu, surtout dans les régions d’élevage, était généralement mortel. Il régressa très nettement grâce au contrôle des abattages des bovins et ovins par les vétérinaires, aux médicaments, aux progrès techniques des chirurgiens et devint presque toujours guérissable. 

Le trachome.

Il entraînait beaucoup de cécités (25 aveugles pour 1000 habitants, 1 sur 100 dans le Sud)

La lutte antitrachomateuse et contre les autres affections oculaires contagieuses fut entreprise dans 90 centres de traitement. C’est surtout l’action en milieu rural et l’inspection médicale des écoles qui ont contribué au succès de cette lutte contre un des fléaux sociaux les plus graves de l’Algérie.

Six formations mobiles comprenant chacune un tracteur Diésel et un semi-remorque aménagé en salle d’ophtalmologie permettaient des missions dans les endroits reculés.

Le typhus.

L’extermination des poux et des puces était assurée, conjointement aux hôpitaux auxiliaires par 121 équipes communales et 23 équipes de secteurs. En 1941-42, les équipes d’épouillement étant désorganisées par la guerre, une épidémie de typhus éclata. 4 400 000 personnes reçurent le vaccin préparé par l’Institut Pasteur. Le mal fut enrayé.

 

 

 

La Mission Ophtalmique Saharienne (M.O.S.)

De 1945 à 1962 le Dr Renée ANTOINE sillonne les Territoires du Sud de la frontière marocaine à la frontière Libyo-Egyptienne et de la lisière du Sahara à Tamanrasset avec 2 camions Renault équipés l’un en salle de consultation, l’autre en salle d’opération. En 38 ans elle a parcouru 87500 km, donné 43800 consultations, pratiqué 4259 opérations.

Transfusion Sanguine

 Un grand colon, le sénateur Borgeaud fit construire et équiper à ses frais, une usine de lyophilisation sur son domaine de La Trappe, ce qui permit, avant la fin de la guerre  de 1939-1945 de livrer du plasma lyophilisé.

Dès 1951, 300 000 donneurs de sang étaient inscrits à Alger dont 1/3 de musulmans.

En 1962, le centre de La Trappe disposait de 8 lyophilisateurs.

Les musulmans qui avaient boudé la médecine au début, y vinrent de plus en plus. A la Clinique Chirurgicale Infantile, en 1956 ils occupaient 83% de lits contre 12% en 1910.

 

Les autres Institutions Médico-Sociales

 Elles sont représentées par :

L’Assistance Médicale gratuite.

Les soins aux pensionnés de guerre, selon la même législation qu’en France métropolitaine.

La législation de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles.

L’obligation des services médicaux du travail dans les entreprises dans les mêmes conditions qu’en Métropole.

 

Chronologie

1833 Très tôt les médecins militaires avaient ouvert des hôpitaux (ou des locaux annexes) pour donner des consultations aux Indigènes.

Ebauche d’Enseignement Médical par le jeune major Baudens pour les cours d’Anatomie et Stéphanopoli pour ceux de Physiologie.

1834 Le  docteur Maillot, à Bône, se fit l’apôtre de la quinine, la substituant à l’administration de la simple écorce de quinquina, contre le paludisme.
1835 Le docteur Pouzin fit monter à Boufarik une vaste baraque en planche pour y soigner les Indigènes. Elle fut remplacée en 1836 par l’Hôpital militaire du camp d’Erlon.

Le baron Vialar entreprit une collecte en France, afin de secourir les Musulmans « comme des frères ». Sa sœur Emilie et trois compagnes de l’Ordre de St. Joseph vinrent à Alger pour soigner des cholériques. L’Ordre essaima à Bône et à Constantine.

Près de Fort de l’Eau, le prince polonais Mir, aménageait dans son domaine une infirmerie où étaient soignés gratuitement Européens et Indigènes.

1840 Les Sœurs de la Doctrine Chrétienne se fixent dans le Constantinois jusque dans de très petits villages (Akbou).
1842 Les Filles de la Doctrine Chrétienne arrivent à Alger ainsi qu’à Constantine.
1843 Les Trinitaires se fixèrent à Oran. Plusieurs moururent du Choléra en 1849.
1845 108 médecins militaires sont remplacés par des médecins fonctionnaires.
1848 Début d’Enseignement Obstétrique dispensé en langue arabe par une sage-femme madame Mahé.
1853 Création par le gouverneur Randon du Corps des « Médecins de Colonisation »

Un legs dû à Fortin d’Ivry permit d’aménager dans les jardins de Mustapha Pacha des baraquements abritant 600 lits.

1857 Le 4 août, Création de l’Ecole Préparatoire de Médecine et de Pharmacie d’Alger, (rattachée à la Faculté de Montpellier). Un des principaux rôles de cet Etablissement sera «  l’éducation médicale des jeunes indigènes »  Il deviendra Faculté en 1909.
1862 Le docteur Guignet se fait le pionnier de la lutte contre les affections oculaires.
1878 Des pavillons en dur furent édifiés sur 8ha des jardins de Mustapha Pacha : 14 bâtiments se faisaient face.
1880 A Constantine le docteur Laveran découvre l’agent du Paludisme (l’hématozoaire). Il recevra le prix Nobel en 1907.
1891 A Alger le docteur H. Vincent organise un laboratoire de bactériologie ( le premier de l’armée). Il étudie la fièvre typhoïde et met au point un vaccin contre la maladie. Il montre la nature fuso-spirillaire de la grave angine qui porte son nom.
1894 Fondation d’un Institut Pasteur à Alger par les professeurs  Trolard et Soulié pour assurer les vaccinations antirabique et antivariolique.
1900 Une première campagne prophylactique est entreprise à l’est d’Alger (Alma)
1904 Création du « Service Algérien d’Etudes Antipaludiques » par le Gouverneur Général Jonnart.
1909 L’Ecole de Médecine devient Faculté et ne cesse de se développer. Le nombre de ses chaires  augmente jusqu’à être porté à 35 en 1959.

L’Institut Pasteur d’Alger devient une filiale de celui de Paris. Albert Calmette en est nommé directeur aidé par le docteur Ed. Sergent. Il est ensuite confié à  Ed. Sergent qui le dirigera de 1912 jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.

1909-1910 A  Beni-Ounif de Figuig le docteur H. Foley prouve que le typhus est transmis par le pou et décrit le virus avec le docteur Ed. Sergent.
1912 Un second hôpital général, lui aussi pavillonnaire sortit de terre à Hussein-Dey dans un beau domaine fleuri légué par son généreux propriétaire Joseph Parnet. Dans le même temps Oran Constantine et Bône disposaient également d’un grand hôpital.
1924 Création d’un Corps des Infirmières Visiteuses Coloniales
1927 L’œuvre dite des « Mères et Nourrissons » est créée.
1934 Création du Corps des Auxiliaires Médicaux Indigènes dénommés par la suite Adjoints Techniques « de la Santé ». Ils furent pour la plupart d’excellents collaborateurs.

La même année sera décidée la formation « d’Infirmières Visiteuses Indigènes d’Hygiène Sociale ».

Les familles musulmanes ont longtemps boudé cet enseignement puis s’y sont enfin résolues

1935 La Société des Nations fait appel à Edmond Sergent pour présider la Commission Mondiale du paludisme.

Edification boulevard de Verdun d’une Clinique-Ecole par la Croix-Rouge et les Sœurs Blanches.

1936 Création par des Sœurs Blanches d’un Hôpital dispensaire intercommunal à El-Affroun en Mitidja

Fondation d’un Centre Psychiatrique modèle de 712 lits à Blida-Joinville.

1942 Le vaste dispensaire « Barbier-Hugo » de la Croix-Rouge devient le premier Hôpital privé consacré à la seule neuro-chirurgie (75 lits).

Création d’un Centre d’Assistance Ophtalmologique Rural à El-Affroun

1945 Mise sur pieds de la « Mission Itinérante Ophtalmologique Saharienne » (M.O.S ) du docteur Renée Antoine.
1950 La Mutualité Agricole remet au Gouvernement Général six formations mobiles (tracteur semi-remorque aménagé en salle d’ophtalmologie) permettant des missions dans des endroits reculés.
1956 Ouverture d’un Centre de Rééducation chirurgicale près de Tixerain, qui avait peu d’équivalent en France à cette époque (120 lits, 60 paraplégiques)
1958 Ouverture à Alger d’Ecoles d’Anesthésie et de Kinésithérapie.

Création d’une Faculté de Médecine à Oran et à Constantine.

1959 Construction d’un Centre de Chirurgie Cardio-Respiratoire à Beni-Messous.
1960 Installation d’une Maternité Moderne conjointe à une Ecole de Sage-femmes à Hussein-Dey. Elle fut inaugurée … aussitôt après l’indépendance !

  

Nos sources :

Pierre Goinard : Algérie : l’œuvre française.

Piedsnoirs-aujourd’hui.com

Ph. Héduy : Algérie française

Paul Doury ; Henry Foley