De -9000 av. J.C. à l’Antiquité

De   -9000   à   -7000  av. J.C.

– Le refroidissement en Europe correspond en Afrique àdes phases pluviales dont la température devait être en moyenne de 6° inférieure àla température actuelle.

Les massifs montagneux étaient arrosés par une pluviosité exceptionnelle qui alimentait des fleuves se jetant dans de vastes étendues lacustres.

 

– Les mers intérieures commencèrent leur décrue.

Il  y avait  alors des  forêts,  de  cèdres  dans les montagnes,  de  hêtres, de  tilleuls,  d’aulnes àmoindre altitude.

 

– La faune comprenait : éléphants, rhinocéros, girafes, crocodiles, hippopotames, autruches, grands bubales, antilopes, gazelles, lions.

 

– Les populations nombreuses, s’adonnaient à la chasse, la pêche et la cueillette.

 

 

De  -7000   à   -4000 av. J.C.

Epoque bubaline

 

– Le climat devient progressivement plus sec. La forêt s’éclaircit, elle est remplacée par la steppe.

 

– L’homme fait sa « révolution néolithique » avec :

 

  • – la domestication des animaux,
  • – l’invention de la poterie,
  • – le perfectionnement et la miniaturisation de l’outillage lithique,
  • – la pratique de l’ élevage et la culture des céréales.                      

Le Grand Bubale                                                                          Pasteur menant ses boeufs

Femme aux seins tatoués

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– Les hommes peignaient et gravaient sur les surfaces rocheuses. Ils représentaient des animaux sauvages tels qu’ils les voyaient, grandeur nature. Les sujets les plus anciens sont les plus beaux.

 

Personnage aux plumes

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De  -3000   jusqu’à   J.C.

Epoques bovidienne, caballine et cameline.

– Le grand bubale disparaît.

– Le Sahara continue à se dessécher.

– Les populations noires émigrent vers le Sud : le Sahel

– Les populations blanches émigrent vers le Nord : l’Atlas.

– L’art évolue vers la médiocrité : semi-naturaliste.

– Le dromadaire remplace le cheval.

 


 

 

 

 

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– Au début du 1ermillénaire le Sahara est presque aussi desséché qu’à notre époque.

– Apparition du cheval puis du dromadaire vers 150 avant J.C.

– La première mention du dromadaire figure dans la relation de la bataille de Thapsus en 46 av. J.C., au cours de laquelle Jules César battit Juba 1erroi de Numidie, et lui prit 22 de ces animaux.

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– Apparition de l’écriture : alphabet touareg, le tifinar.

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De la préhistoire à l’antiquité

Grand Erg occidental

– Aucune région au monde ne possède un ensemble rupestre comparable àcelui du Sahara qui, paradoxalement, est le plus grand désert de la planète.

– Contrairementàce que l’on constate en Europe, il n’y a pratiquement pas de grottes au Sahara : l’art rupestre est un art de plein air. Son support est constitué par des parois souvent verticales, fréquemment choisi dans des éboulements de rochers. Les représentations les moins anciennes se rencontrent aussi sur des plans horizontaux notamment dans le lit des cours d’eau desséchés.

 


                            Sebkha de TimimounBouhamana                                                                   Sud de Colomb-Béchar

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– Au cours d’un séjour de quatre années au Sahara, de 1963 à 1967, comme chef de corps au sein du Centre Inter-armée d’Essais d’engins spéciaux, Michel Lihoreau a consacréses loisirs à la recherche préhistorique.

– Il a bénéficiéde l’encouragement de ses Chefs, du dévouement enthousiaste de ses subordonnés, ainsi que des conseils et de l’amitié d’Henri Lhote qui fut l’un des meilleurs spécialistes des chefs-d’œuvre d’art rupestre du Sahara.

Ses travaux peuvent se résumer ainsi :

– la fouille de la nécropole antéislamique de Djorf Torba, au bord de l’Oued Guir, entre Béchar et la frontière marocaine.

– la fouille du gisement tout àfait remarquable de poterie du IVème millénaire avant J.C. dans la vallée de l’Oued Zégag, entre Abadla et Hamaguir.

– le relevé de plus de mille gravures nouvelles entre les Oasis de Taghit et d’Igli, à120 Km au sud de Béchar.

– le relevé de 80 sites préhistoriques dans un rayon de 30 Km autour de Béchar et Kénadza.

– des  explorations en  voiture  et en hélicoptère dans la région de l’Erg Er Raoui, entre Tabelbala et Béni Abbès, aux cours desquelles ont été repérés de nombreux sites paléolithiques et néolithiques et dont étérapportées des collections remarquables.

– la mise au point d’un procédéde moulage de gravures rupestres qui a permis de réaliser les cinquante moulages présentés dans cette exposition.

 

Les fouilles de Djorf Torba et de l’Oued Zégag viennent d’être publiées avec préface de Henri Lhote, sous l’égide du Centre d’Etudes sur l’Histoire du Sahara. Un troisième volume consacré aux nouvelles gravures de la région de Taghit et également préfacé par Henri Lhote est en cours de publication.

Enfin, Michel Lihoreau et Henri Lhote ont prêtéleurs collections en commun dont les principales ont étéprésentées de 1986 à1988, au Mans, à Saumur, à Ermont et à Blois.

 

C’est grâce au souvenir de cette amitiéque Madame Henri Lhote a bien voulu prêter 26 fresques du Tassili pour la présentation de cette exposition.

 

Le procédé de moulage.

– Nettoyer le support rocheux de la gravure pour éliminer les dépôts de sable et de poussière.

– Enduire la surface àmouler avec de l’encaustique afin d’empêcher l’adhérence des produits.

– Appliquer au pinceau une couche de résine synthétique, après y avoir incorporé un catalyseur et un accélérateur dosé en fonction de la chaleur ambiante et du temps disponible sur place.

– Appliquer sur la résine une toile de verre.

– Passer une seconde couche de résine.

– Attendre 4 à 6 heures, selon la température, le durcissement des produits.

– Décoller le tout qui forme une matrice négative de la gravure.

– Employer en atelier, le même procédé pour obtenir un positif, après avoir incorporé à la résine un colorant noirâtre pour imiter la patine saharienne.

 

Les premiers peuples

Les peuples avant les Romains

 

Il est manifeste que l’Afrique du Nord fut peuplée depuis les temps immémoriaux.

1 – un peuple venu du Sud (le Zambèze)

2 – d’autres hommes leur succédèrent, venus des Hauts-Plateaux de l’Asie Centrale ou de l’Abyssinie.

Tous ces hommes formèrent les Berbères, dénommés par les analystes latins : Gétules, Numides, Maures.

Ils évoluent et entretiennent des relations commerciales : teintures, vannerie, métaux, cuirs, bois. Ils ont une religion et même un alphabet.

3 – d’autres venus de l’Asie du sud par le Soudan, aggravèrent les divergences des occupants ; ce qui permit aux Phéniciens d’installer des comptoirs sur les côtes. On les retrouvent àUtique en 1520 avant J.C. et à Annaba, Skikda, Béjaïa, Tigzirt, Alger, Cherchell, Ténès.

4 –  en 814 avant J.C. Didon fonde Carthage, qui durera 668 ans, jusqu’à 146 avant J.C. date à laquelle la ville la plus riche du monde disparaît dans les flammes, après le siège qu’imposèrent les Romains durant la 3èmeguerre punique.

Cette chute favorise l’installation des Romains qui firent de la Numidie « la Province Africa « .

Carthage est reconstruite en 125 avant J.C. par les Romains. Les Berbères d’aujourd’hui sont : les Kroumirs de Tunisie, les Kabyles d’Algérie, les Chleus du Maroc, et les Touaregs du Sahara.

 

 

Les monnaies

– Les Romains frappaient leur monnaie àl’effigie de leurs dieux : Janus, Hercule, Jupiter…

– Rome y est personnifiée ainsi que l’Afrique que l’on trouve ici sous le règne de Juba II.

– Plus tard nous nous trouvons en présence d’une véritable galerie de portraits des Empereurs romains d’un admirable modelé.

Monnaies de Juba, à l’effigie de Jupiter Ammon et de l’Afrique personnifiée avec au revers :

un lion, un éléphant et l’inscription : « Royaume de Juba »

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Dessin d’après deux pièces, une en bronze à gauche et une en plomb à droite.

C.F. J. Mazard : “Corpus nummorum Numidiae Mauretaniaeque”

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Monnaies d’argent punique

Monnaie d’argent punique représentant un cheval et un palmier (IVémes. av J.C.)

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Monnaie d’argent punique représentant la tête dite de Tanit (IVémes. av J.C.)

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Médaillon en argile cuite représentant un cavalier armé avec un chien

(Carthage, nécropole de Douïmes VI èmes. av J.C.).

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Lixus

 

Tombeau Libyco punique (Dougga, Nord tunusien, II èmes. av. J.C.).

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Comptoirs Phéniciens

 

 

Navire phénicien, sur le sarcophage de Sidon

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Paysan étrusque au labour. Figurine en bronze

 

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CARTHAGE

Byrsa, colline, où plus tard mourût Saint Louis

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Vue générale de la commune punique de Byrsa

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Vue de « Thophet » de Salammbo.

Ce cimetière est situé à proximité du lieu des sacrifices des nouveaux-nés

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Site de Carthage

 

 Reconstitution d’une rue de Carthage par le dessinateur J. Martin.

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Masques prophylactiques inspirés des « Courol » ioniens (Carthage)

 

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Masques  VIIème, VIèmeet IVèmes. av. J.C

Masque d’homme,

Carthage (nécropole de Minjel et de Doïmes).

 

 

     Masques de femmes ou « protomés »

       Carthage (nécropole de Dermch).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Chronologie

-3000 Les Phéniciens font leur apparition dans l’histoire. Leur influence est considérable et ils seront les maîtres de la mer et du commerce méditerranéen.
-1520 Les Phéniciens s’établissent sur la côte d’Afrique àUtique (nord-ouest de Carthage) et fondent de nombreux comptoirs.
-814 Didon fonde Carthage.
-3èmesiècle La Numidie (partie centrale de l’Algérie actuelle) est dominée par deux rois

-Syphax, allié aux Carthaginois

-Massinissa, allié aux Romains.

-203 Massinissa fait prisonnier Syphax et règne sur la Numidie. Il sédentarise les nomades et favorise la construction des villes.
-193-152 Massinissa entreprend d’annexer les territoires dépendants de Carthage (Tunisie centrale).
-149 Carthage riposte. C’est le début de la troisième guerre punique.
-146 Les troupes romaines de Scipion Emilien s’emparent de Carthage qui est détruite et rasée. Son territoire devient « Provincia Africa ».

 

Lieux des découvertes

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Découvertes du XIXème au XXème siècle

1847, 1956, 1963-1967, dates des découvertes des vestiges préhistoriques.

– A partir de 1850, la pénétration militaire française dans l’Atlas et au Sahara Central et la pénétration italienne au Fezzan, ouvrirent la voie à d’importantes découvertes. Depuis, il a été relevé plus de 30 000 gravures et 15 000 peintures.

 

 

 

L’expédition du Général Cavaignac découvrit les premiers témoignages de l’art préhistorique au  Sahara   dans l’Atlas  (monts  des Ksours)  au  sud d’Oran,  à  proximité d’Aïn-Sefra : Thyout, Moghrar, Tahtania.

 

Grand sanctuaire. Prise d’un calque dans un abri de Sefar

 

La forêt de pierre dans la région de Tamrit

 

Antilopes

 

Scène de la vie pastorale

– De 1963 à 1967, le colonel Lihoreau effectue des reconnaissances, des relevés et des fouilles au sud de Colomb-Béchar. Il se rendit avec l’ethnologue Henri Lhote le 9 avril 1966 sur le site de la Chebka Dirhem pour étudier la possibilité de récupérer cette pierre (1500 K) qui a été déposée par la suite au Musée de l’Homme à Paris. Avant le transport un moulage fut réalisé. (n°1 dans l’exposition d’octobre 1993 au Haras à Angers).

 

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– Les peintures rupestres sont concentrées sur le Haut Plateau du Tassili des Ajjers qui culmine entre 1600 et 1800m. Elles ont été relevées à partir de 1956 par les missions de l’ethnologue Henri Lhote qui a reproduit 850 fresques, dont 95 totalisant 180m² qui ont fait l’objet de 29 expositions : 19 en Europe, 7 en Afrique et 3 au Japon.

 

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Mission Henri Lhote au Tassili 1957-1958

– Le Tassiliest un pays unique au monde dont la beauté grandiose et sauvage est difficile à décrire. C’est un massif gréseux ayant subi une érosion intense qui se présente aujourd’hui sous les formes les plus diverses, au point que chaque massif a ses caractères propres.

– Parfois, on a l’impression de se retrouver dans une ville détruite par un tremblement de terre ou un bombardement, avec ses ruelles, ses places publiques encombrées d’éboulis, ses monuments ruinés dont certains évoquent des cathédrales gothiques, des tours de guet, des burgs rhénans etc. … ; parfois ce sont des coupoles dont l’ensemble évoque à s’y méprendre un village nègre, d’autres fois encore on croirait errer au milieu des ruines d’Angkor ou au centre d’une forêt de pierres formée par mille aiguilles ou cheminées de fées qui s’érigent vers le ciel.

– Ce qui frappe dans ce décor grandiose c’est la permanence des ruelles et des couloirs qui se croisent avec symétrie, permettant une circulation facile au milieu de tous ces géants de pierre, encore que souvent cette facilité apparente cache de véritables labyrinthes qui nous jouèrent souvent de vilains tours. Tel est le décor où nous avons trouvé les traces nombreuses des hommes du passé, d’autant plus nombreuses que presque toutes les bases de ces étranges rochers présentent des excavations et auvents qui constituent des abris naturels très habitables que, d’ailleurs, fréquentent encore quelques troupes de Touaregs qui vivent dans cette région.

(Pour les peintures rupestres, on procède généralement à un décalque des fresques avec identification des teintes originales ; ce fut notamment la méthode employée pour les fresques du Tassili par la mission Henri Lhote.)

 

Le grand abri de Jabbaren

 

Charles Brenans

– Dès le milieu du siècle dernier, des voyageurs européens signalèrent quelques dessins rupestres dans leur carnet de route, mais la grande découverte qui alerta les milieux scientifiques est due à un officier français méhariste, Charles BRENANS .

– En 1933, au cours d’une reconnaissance militaire il eut la surprise, en parcourant l’Oued Djerat, à une vingtaine de kilomètres à l’est d’Ilezi (autrefois Fort Polignac), de voir sur les rochers en bordure de l’oued, d’innombrables gravures représentant des animaux disparus depuis longtemps de cette région, tels que l’hippopotame, le rhinocéros, l’éléphant, le lion, des oiseaux d’eau tels que le pélican, c’est à dire toute une faune de marécage et de savane. De plus, des parois abritées par un auvent, étaient ornées de peintures à l’ocre, figurant des scènes pastorales de chasse ou de combat. Par chance, le lieutenant BRENANSétait un bon dessinateur. Il se mit à relever à vue sur des carnets de route un grand nombre de ces figurations et les envoya au Pr. GAUTHIERà la faculté d’Alger. Celui-ci délégua un collègue pour se rendre à Djerat, le Pr. PERRET, auquel il conseilla de se faire accompagner par Henri LHOTE, qui avait déjà traversé le Sahara à pieds et à chameau sur plusieurs itinéraires et connaissait donc bien la rude vie saharienne.

– Ainsi dès 1934 Henri LHOTEse rendait à Djerat et rejoignait BRENANSsur le plateau. Devant la multitude des scènes peintes, souvent complexes et difficiles à déchiffrer et à rendre, il se rendit compte que pour effectuer un travail valable, il serait nécessaire de s’adjoindre une équipe de véritables peintres susceptibles d’établir des relevés en grandeur nature aussi fidèles que possible après avoir pris des calques directement sur la paroi.

– Par suite des circonstances, ce projet auquel devait être associé Charles BRENANSne put se réaliser qu’à partir de 1956, après le décès de ce dernier …

Irène et Henri LHOTE

Janvier 1968

 

Déesse des moissons

 

 Les autruches et le renard

 

Chameliers (art décadent)

 

 

Les masques

La mission Henri Lhote au Tassili, a été organisée sous les auspices de Monsieur Jacques Soustelle, alors Gouverneur général de l’Algérie avec le concours personnel de Monsieur l’Abbé Breuil, membre de l’Institut, de Monsieur le professeur H. Vallois, Directeur du Musée de l’Homme et avec les appuis financiers du Centre National de la Recherche Scientifique, du Gouvernement général de l’Algérie et de l’Institut des Recherches Sahariennes.

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Parmi les passionnés d’ethnologie ou d’archéologie de ces régions sahariennes, citons :

– l’Abbé Breuil

– le colonel Brenans,

– le professeur Monod…

Irène et Henri Lhote ainsi que le colonel Lihoreau, leur ont souvent rendu hommage.

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L’agriculture de 1830 à 1962

L’AGRICULTURE  EN  ALGERIde 1830 à 1962

 

LES TERRES

 

Titre de concession

Art 1 Il est fait concession à « Sieur Georges Pfrimmer » cultivateur demeurant à Sidi L’Hassen

1° d’un terrain domanial d’une contenance de 6 ares

2° d’un second terrain de 22ares 50centiares

3° d’un troisième de 11 ha 6ares

Art 2 Le concessionnaire servira à l’état une rente annuelle perpétuelle de 1 franc par ha pour le lot de culture et de 50cts par are pour le lot à bâtir payable par trimestre et d’avance.

Art 3 il devra mettre la totalité des terrains dans un bon état de culture et construire une maison d’habitation

Art 4 il devra planter 25 arbres forestiers ou fruitiers par ha.

Art 8 il devra abandonner à l’état sans indemnités les terrains nécessaires à l’ouverture de routes, canaux etc…

Au bout de 10 ans.

Si toutes ces conditions sont exécutées, le concessionnaire devient propriétaire, dans le cas contraire il sera statué soit la prorogation, soit la déchéance totale ou partielle.

Oran 1858

 

 

RELIEF

L’Algérie d’une superficie de 2 381 000 km², (soit 4 fois plus que la France), est un pays de hautes terres et de montagnes.

Deux chaines morcelées enserrent les hauts plateaux :

  • Au nord l’atlas Tellien se présente sous forme de plissements ou de bandes longitudinales.
  • Au sud l’atlas saharien est formé de massifs isolés.
  • Au centre, une steppe (800m d’altitude) forme les hauts plateaux.

 

LE CLIMAT. LES COURS D’EAU.

En raison de son étendue et de sa structure, l’Algérie offre une grande diversité de climats.

  • La zone littorale jouit d’un climat méditerranéen, très doux.
  • Les hauts plateaux, en partie soustraits à l’influence maritime, par la muraille de l’ATLAS TELLIEN ont un climat continental.
  • Il y a deux saisons :
    • La saison sèche, de Mai à Octobre.
    • Et la saison pluvieuse d’Octobre à Mai.
  • Il pleut davantage d’Est en Ouest (Bône 1200mm, Alger et Oran 700mm). Les pluies se font plus rares en allant vers le Sud (Hauts plateaux 200 à 400mm)

Les cours d’eau, ou oueds, sont à sec en été et deviennent des torrents en hiver. Aucun n’est navigable.

Superficie arable (cultivable)

En Algérie 21%                 En France 61%

LE JARDIN D’ESSAI DU HAMMA

 

 

 

 

 

 

 

LE JARDIN D’ESSAI D’ALGER  (1832/1962)

 

1832: création par les Maréchaux BUGEAUD et SOULT d’une pépinière centrale du Gouvernement à l’Est d’Alger dans les marécages qu’il fallut d’abord assainir.

Le but poursuivi était :

  • L’installation
  • L’acclimatation
  • La multiplication des diverses espèces végétales qui devaient peupler la campagne Algérienne et contribuer à sa mise en valeur

1832/1842 introduction de végétaux d’origine métropolitaine.

1843/1867 A cette période on dénombre 8214 espèces. L’acclimatation de végétaux divers : eucalyptus, (précieux pour l’assainissement), arbustes, plantes vivaces …. est effectuée sous la direction de A. HARDY et C. RIVIERE

1868/1913 renommée mondiale.

1900 création par Joseph D’ANGE d’un parc zoologique, lions, panthères……

1913/1940 : Le jardin devient « établissement du gouvernement général ».C’est un organisme central :

  • d’expérimentation: recherches très ciblées sur des espèces florales, Strelizia, Gerbera                                             Allée des Dracenea   jardin du Hamma
  • d’enseignement avec l’école ménagère et l’école d’horticulture.

Des variétés de végétaux sont recherchées pour les industries de transformation et l’exportation.

L’arboriculture est développée par M. BRICHET.

1960 le jardin devient un domaine expérimental de l’I.N.R.A. Institut National de la Recherche Agronomique.

 

                                                     Jardin d’essai Alger                                                                                  Ecole d’horticulture  jardin d’essai Alger

 

Insectarium jardin du Hamma

 

ORIGINE DES TERRES

Dès les premières années l’état Français avait occupé le domaine BEYLIK et séquestré les biens vacants des Turcs. S’y étaient ajoutés les biens « Habous » (donations en faveur d’une personne morale religieuse). En échange l’Etat Français prenait à sa charge les frais du culte musulman.

Par ailleurs, d’autres terres ont été gagnées sur de nombreux marécages très insalubres.

A partir de 1854 l’Etat commença à vendre des concessions qui étaient très exigües.

La IIIème République élargit la surface de ces lots de 40 à parfois 200.ha dans le Constantinois, loués 1F l’hectare puis gratuits à partir de 1878.

Le titre était délivré au bout de 9 ans de résidence, puis de 5 ans à partir de 1874 et enfin à 3 ans à partir de 1878.

 

D.R.S.  Défense et Restauration des Sols

Sur les sols préparés par la D.R.S. les plantations annuelles étaient de 400 000 arbres fruitiers et 4 000 000 arbres forestiers

 

Région de l’oued ZID (janvier 1962)

5000 hectares en cours de restauration par la D.R.S.

 

Des terres gagnées.

Des terres ont été gagnées sur des friches, des marais et des sols abandonnés. Les seules plaines de la MITIDJA, d’ORAN et de BÔNE, lieu d’élection des roseaux et des moustiques en 1830, furent transformées en 500 000ha de cultures et de vignes.

Ces terres ont été « fabriquées » par plusieurs générations d’agriculteurs au prix de la « sueur », de la maladie et de la mort.

Les trappistes plantent des eucalyptus pour assécher le sol. Cet arbre, importé d’Australie et acclimaté au jardin d’Essai d’Alger, fait merveille dans les plaines du littoral.

 

 

Lac Halloula (Plaine de la Mitidja à l’ouest d’Alger)

 

 

L’assèchement de la MITIDJA fut définiti-vement achevé en 1939 par le percement d’un tunnel qui permit de drainer les eaux du lac HALLOULA sous les collines le séparant de la mer.

 

 

 

 

Plaine de la Mitidja (à l’ouest d’Alger)

Nos sources :

  • « Alger Revue » B. VENIS
  • « Algérie Française de Ph. » HEDUY
  • « Cercle Algérianiste »
  • « France Horizon »
  • Internet
  • « L’œuvre française en Algérie » P. GOINARD

 

 

LE DEVELOPPEMENT

 

 

Marcel  BARBUT (1897-1992)

 

Ancien inspecteur général de l’agriculture, fut certainement l’artisan le plus prestigieux de l’œuvre agricole en Algérie. Il représentait la France dans les congrès internationaux à Rome, en Libye, au Portugal.

Il s’est beaucoup intéressé aux problèmes de l’agriculture

 

Il s’est beaucoup intéressé aux problèmes de l’agriculture traditionnelle musulmane, s’insurgeant contre le préjugé des étudiants musulmans qui marquaient leur préférence pour la faculté des lettres, de droit, de médecine, estimant peut être que les études agricoles n’étaient pas un bon moyen de promotion sociale.

 

 

 

Eugène MILLION 1812 – 1867

 

Professeur de chimie au Val de Grâce, devient pharmacien en chef à la division d’Alger.

Parmi ses travaux citons ceux sur les composés oxygénés du chlore, l’éther nitrique et le réactif au nitrate mercurique pour la caractérisation des protéines (1849).

En 1845 il publia « un traité de chimie organique ».

Durant son séjour en Algérie les travaux d’Eugène MILLION constituèrent un véritable guide pour les agriculteurs. Il étudia les blés et leur ensilage, écrivit un mémoire sur la culture des plantes à essence et leur distillation. Il entreprit l’analyse des eaux minérales de l’Algérie et améliora la production et la qualité du lait.

 

 

 

André LEPIGRE

Directeur de l’Insectarium   (Jardin d’Essai) Ingénieur en chef des Services Agricoles, il avait acquis une renommée mondiale.

Hautement qualifié en entomologie s’était spécialisé dans la recherche, l’analyse et l’essai d’élevage d’insectes concernant l’agriculture.

Dans ce but il réalisa un gigantesque travail de recherche, de classement, et d’identification des insectes parasites des cultures. Il a consacré une grande part de son activité à l’étude de la vulgarisation de l’utilisation des gaz toxiques dans la lutte des insectes qui s’attaquent aux produits d’origine agricole (désinsectisation au bromure d’éthyle pour les figues sèches).

Il a été amené à œuvrer dans d’autres domaines notamment la médecine pour arrêter la propagation de la peste bubonique.

 

Ecole Nationale Agronomique d’Alger

De 1830 à 1880, l’enseignement agricole est dispensé par les Pères Blancs puis dans les écoles communales rurales.

1881 création de l’école pratique d’agriculture de Rouïba

1905 transfert de l’école d’Agriculture Algérienne à Maison Carré

1914/18 fermeture de l’école à cause de la mobilisation.

1919 réouverture de l’école.

Réorganisation de l’enseignement, relèvement du concours d’entrée. Création de chaires. Construction de laboratoires.                                                                 Ecole Nationale d’Agriculture                                                                    

28/02/1921 l’Etablissement devient : l’Institut Agricole d’Algérie (I.A.A.).

1946 la loi du 22/05 assimile l’IA aux Ecoles Nationale d’Agriculture de Métropole en sanctionnant les études d’un diplôme d’ingénieur agricole.

A la fin de la guerre le programme de construction et d’aménagement, fut poursuivi jusqu’en 1962.

Les installations étaient spacieuses pourvues de matériel moderne (microscope, bibliothèques…). Plusieurs amphithéâtres avaient été construits.

1961 (décret du 20/06) l’I.A.A. devient E.N.S.A.A (Ecole Nationale Supérieur Agronomique d’Alger).

 

Ecole nationale d’Agriculture

Vue Générale sur l’Institut Agricole et la baie d’Alger.

Enseignement dispensé par les Ecoles d’Agriculture

 Les écoles d’agriculture ont constitué avec l’Institut Agricole un maillage de stations liant « RECHERCHES et ENSEIGNEMENT » dans de nombreux domaines :

agriculture : techniques de culture, assolement, rotations céréales, fourrages, obtention de nouvelles variétés et sélections de semences.

agrumiculture : recherches variétales

apiculture: modernisation, exploitation et renouvellement des essences centre d’apprentissage de Mechtra.

arboriculture : méthode de taille, séchage des fruits.

cultures industrielles : tabac, coton, lin.

DRS Défense et Restauration des Sols: création de banquettes pour planter : oliviers, arbres fruitiers.

économie rurale

élevage : de 1947 à 1954  2200 géniteurs ont été donnés gratuitement.

forêt : exploitation et renouvellement des essences.

hydraulique

industries connexes

irrigation : construction de barrage : irrigation et stockage de l’eau.

lutte contre les maladies emploi des coccinelles.

mécanique et électronique entretien du matériel.

œnologie : méthode de vinification des vins.

technologie : énergies renouvelables.

viticulture

zoologie : méthode de lutte contre les prédateurs, criquets, insectes….

zootechnie : conservation des races rustiques.

 

« RECHERCHES et ENSEIGNEMENT » conjugués ont fait de l’Algérie le premier pays agricole du Maghreb.

                         Ecole d’agriculture de Sidi Bel Abbes                                                                Ecole d’agriculture de Guelma                                     

  

Cours complémentaires d’enseignement agricole.

Sous l’impulsion du Recteur JEANMAIRE, en plus des écoles primaires élémentaires chargées de l’enseignement de l’agriculture il fut mis en place :

-un réseau de cours d’enseignement agricole dans les villages les moins développés.

-un réseau de cours post scolaire agricole.

 

L’enseignement des C.C.E.A. était réparti sur 36h.

  • 12h d’enseignement général
  • 9h d’agriculture théorique
  • 9h d’agriculture pratique
  • 6h d’atelier: mécanique agricole, forge, menuiserie

L’instituteur était tour à tour: conseiller technique agricole, animateur de stage, porte parole des services Algériens de l’arboriculture de l’agriculture, de la défense et restauration des sols, des eaux et forêts.

En agriculture proprement dite il a favorisé la diffusion de semences sélectionnées

 

Sociétés Indigènes de Prévoyance (S.I.P.) au Paysannat.

1880 le gouverneur TIRMAN décida la création de S.I.P. qui était également des agences de crédit.

1936 les S.I.P. furent autorisées à remplir le rôle de coopératives.

1946 après la 2° guerre l’administration algérienne fut amenée à créer une nouvelle organisation afin d’initier les fellahs aux techniques utilisées par les exploitants évolués et surtout de les leur faire appliquer afin d’élever leurs conditions de vie.

Les S.I.P. devinrent des S.A.R (Secteurs de l’Amélioration Rurale) dans lesquels étaient réunis des cultivateurs dotés de matériel approprié sous la conduite de moniteurs qualifiés recrutés dans le milieu rural indigène.

Des résultats substantiels ont été obtenus :

91 S.A.R. de céréaliculture pourvus de 500 tracteurs couvrant 2 millions d’hectares regroupaient 150 000 fellahs.

68 S.A.R. d’élevage intéressaient 100 000 pasteurs.

34 S.A.R. d’arboriculture ont planté plus de 3 000 000 d’arbres.

 

 

LES CULTURES, L’ELEVAGE

 

LES COOPERATIVES

1904 Fondation de la première Coopérative vinicole à Dupleix (Algérois) pour lutter contre la mévente des vins.

Le mouvement de Coopération Agricole prit un essor extraordinaire, contribuant dans certains domaines au rapprochement des deux ethnies en une solidarité d’intérêts.

En 1954 on comptait 530 Coopératives.

181 caves groupaient 5400 viticulteurs, avec des installations et des techniciens auxquels des exploitations individuelles n’auraient pu prétendre.

Quatre Coopératives fruitières et maraichères (Boufarik depuis 1922, Rovigo, Assi-Bou Nif, Bône).

32 Coopératives de céréales (6000 adhérents)

Trois Tabacoop (Bône, Boghari et la Mitidja) 2000 adhérents en grande partie très modestes.

100 Coopératives de monoculture.

 

LES OVINS

L Algérie était réputée pays du mouton, mais, en 1958 on dut en importer 120.000.

Pour intensifier l’élevage des ovins il fallut

  • créer des prairies artificielles. En 1952 il y avait 56.000ha de luzerne trèfle d’Alexandrie, vesce d’avoine (1 ha de luzerne équivalant à

200 ha de haute plaine à mouton). On planta plus d’un million de raquettes de cactus inermes (sans piquants).

  • augmenter les surfaces de pacage en creusant des points d’eau avec un maillage de 15 kilomètres (15 km c’est la distance que parcourt le troupeau par jour) 10 000 bêtes pouvaient boire autour d’un point d’eau. En 1958 les travaux furent interrompus pour des raisons de sécurité.
  • créer des stations d’élevage et de sélection: à Boghar (dès 1833) puis à Djelfa et Laghouat.

En 1920 Mr Trouette directeur du service de l’élevage organisait une station à Tadmit près de Djelfa rassemblant 40 béliers et 500 brebis à laine blanche et

longue desquels provinrent 2.000 géniteurs sélectionnés cédés gratuitement aux pasteurs (entre 1947 et 1956).

Filature et tissage de la laine de moutons.

2 usines ont été ouvertes en Oranie pour le traitement de la laine.

                                                 

RECENSEMENT DE 1952

     Indigènes     Européens         Total
Ovins ……………..

Caprins …………..

Bovins ……………

Chevaux …………

Mulets …………..

Anes ……………..

Chameaux ……..

Porcins ………….

 

Total ………

        5 314 000

3 175 000

718 000

155 000

172 000

356 000

156 000

—-

—————

10 046 000

             714 000

79 000

128 000

61 000

66 000

7 000

78 000

———–

1 133 000

          6 028 000

3 254 000

846 000

216 000

238 000

363 000

156 000

78 000

————-

11 179 000

 

Puits Albien (1400m de profondeur)

Ce puits permettait en 1956 d’augmenter de 25 hectares les palmeraies de MEKHADMA (Ourgla)

 

Canaux d’irrigation

 

LES CEREALES

A l’exception des 3 plaines littorales : d’Alger Mitidja, d’Oran et de Bône qui ne produisent pratiquement pas de blé la pauvreté des sols et la sècheresse du climat imposent de ne semer qu’une année sur deux. La jachère biennale était déjà appliquée par les Carthaginois.

Par comparaison :

Production : 30 ha de terre en France    =  200 ha de terre en Algérie.

Rendement : 25 quintaux en France                 =   4 à 9 quintaux en Algérie.

 La céréaliculture remonte presque à la préhistoire, elle évolue en climat méditerranéen aride ou semi-aride, le rendement annuel est très irrégulier.

Le généticien Léon DUCELLIER avait assemblé une ample collection de tout le Maghreb et l’orge de Tripoli fut diffusée en raison de sa précocité.

 

Conditionnement des céréales.

60 meuneries (certaines puissantes et très modernes) Alger, Oran, Sétif, Constantine, Blida produisaient outre les farines :

500 000 quintaux de semoule

300 000 quintaux de pâtes

125 000 quintaux de couscous

 

Moyennes des céréales de 1949 – 1953

  Surfaces cultivées

(en hectares)

Production

(en quintaux)

Orge

Blé dur

Blé tendre

Avoine et divers

Fèves et fèveroles

Pois ronds

Pois chiches

lentilles

 1 201 000

1 227 000

402 000

180 000

45 000

40 000

25 000

36 000

8 118 000

7 468 000

2 948 000

1 403 000

271 000

160 000

120 000

210 000

 

  SIDI BEL ABBES        Docks silos

 

LE TABAC.

Lorsque les Français débarquèrent en 1830, très peu de champs de tabac étaient cultivés aux alentours

d’Alger et de Bône

Le tabac à priser, était utilisé dans les narguileh (pipe à eau) et était plus utilisé que le tabac à fumer.

Le Maréchal BUGEAUD et ses successeurs s’occupèrent de la sélection des différentes variétés du tabac. La culture qui était libre se développa lors de la vogue de la cigarette. L’essor était tel qu’en 1907 l’état décida de prélever un impôt.

En 1914 dans la région de Bône, principale productrice à cette époque, 2500 hectares de tabac étaient plantés. Ce fut l’origine de la création d’une coopérative : la TABACOOP.

Les terres devaient être labourées très profondément pour suppléer au manque d’arrosages.

A la récolte, les feuilles de tabac sont enfilées par grandeurs et les manoques (bouquets) disposés en guirlandes sont rangées, sous des séchoirs modernes fournis par la coopérative.

En 1953 les plantations couvraient 26 000ha dans les vallées de la Mitidja, de Bône et de l’Issère (env. d’Alger).

Le tabac était cultivé dans des propriétés de toutes superficies par de petits propriétaires, des familles Musulmanes et modestes.

                                    3 docks de la Tabacoop    Bône 1928                                                                                  Séchoir à tabac

 

LE COTON.

Très ancien en Algérie le coton était cultivé comme plante d’ornement.

En 1858 A. HARDY avait étudié 46 variétés de coton au Jardin d’essai

Le coton était cultivé dans des terres chaudes et humides de BÔNE (la Seybouse), de BOUGIE (la Soumman) ainsi que dans les terres alluvionnaires du Cheliff, du Sig (la Macta).

 

 

 

 

 

 

Un champ de coton

 

Quatre usines furent construites à MAISON CARREE, BÔNE, ORLEANVILLE, St DENIS DU SIG.

En 1958 la production cotonnière était de 1 million de tonnes de fibre brute.

      

LA TOMATE.

La tomate, plante méditerranéenne par excellence, était cultivée dans presque toutes les régions d’Algérie.

Aucune autre culture, ne présente autant de diversités, quant aux techniques de production.

Le littoral Ouest d’Alger était, une zone de prédilection de la tomate primeur, en grande partie exportée.

La région de Bône cultivait une seule catégorie qui arrivant en masse sur les marchés donna l’idée en 1922 de créer une coopérative la « TOMACOOP » en vue de l’industrialisation.

 

 

 

LA POMME DE TERRE

Dans un Douar de grande Kabylie où la pomme de terre était inconnue en 1935, et grâce aux efforts du directeur d’école, 2 ans plus tard, plusieurs tonnes de semence de tubercules furent plantées.

               Exportation en 1954

Pommes de terre …1 000 000 quintaux

Tomates ……………..   300 000 quintaux

Artichauts …………..   250 000 quintaux

Carottes ……………..   350 000 quintaux

 

LA VIGNE.

Alors que la vigne était déjà cultivée du temps des Phéniciens, en 1830 il n’existait plus dans la Régence qu’environ 2000 ha de parcellesdispersées.

En 1850 le vignoble connut un essor specta-culaire accéléré en 1860 par l’apparition du phylloxera qui détruisit la vigne en métropole.

C’est alors que l’Algérie prit une avance d’un quart de siècle sur le Languedoc notamment par le choix rigoureux de cépages et par les progrès de la vinification en pays chauds.

Les vinificateurs devaient utiliser des levures sélectionnées par l’Institut

Pasteur à partir de : souches indigènes de Mascara et recourir à des procédés ingénieux de réfrigération.

Les caves étaient devenues des usines et des laboratoires, où des chimistes contrôlaient et orientaient la fermentation.

La qualité des vins s’améliora rapidement et certains rivalisaient parfois avec d’authentiques Bordeaux.

Aux vins de plaines de consommation courante s’ajoutaient ceux de coteaux et surtout ceux de montagnes entre 500 et 1200 mètres d’altitude, presque tous classés parmi les V.D.Q.S. (vins délimités de qualité supérieure) et ceux d’appellation d’origine comme Château Romain.

En 1959 le vignoble s’étendait sur 346 700 ha et produisait 18 660 000 hl de vin.

La vigne n’était pas uniquement cultivée en vue de la vinification.

Les raisins de table couvraient 6700 ha et produisaient 250 à 300 000 quintaux.

Du Chasselas précoce de Guyoville et Staoueli était exporté dès fin juin.

La vigne requérait beaucoup d’entretien et de surveillance : enrichissement de la terre, taille, lutte contre les maladies : Cryptogamiques, oïdium, mildiou.

 

 

 

ŒNOLOGIE

En 1907 L. SEMICHON le grand œnologue, disait « une science toute nouvelle est née en Algérie » une œnologie pilote qui diffusa des inventions nées dans des caves modèles privées ou coopératives.

En 1949 les frères Germain firent don à l’I.A.A. d’une cave expérimentale, «véritable station œnologique».

 

L’ARBORICULTURE FRUITIERE.

 

Les palmiers dattiers.

30 000 hectares 6 000 000 de palmiers dattiers.

Les Français creusèrent des puits artésiens qui sauvèrent de la désertification les oasis de l’Oued Righ. Ensuite des forages profonds utilisèrent l’immense nappe albienne.

 

Les oasis de l’ouest saharien menacées de destruction par le bayoudh purent être conservées grâce à Mrs SERGENT et BEGUE, de l’institut Pasteur, qui découvrirent l’agent causal de la maladie (un champignon) et préconisèrent la diffusion de palmiers plus résistants.

D’autre part la pollinisation artificielle par poudreuse doubla la production jusqu’à 100kg par arbre.

 

 

LES OLIVIERS

En 1830 les oliviers, dont la Kabylie détenait près de la moitié, étaient des oléagineux magnifiques, souvent multi centenaires, mais ne donnant que des petits fruits.

Très tôt, les militaires puis les agriculteurs français greffèrent les arbres des plaines. Ceux des montagnes ne le furent que plus tard et partiellement.

L’olive était employée à la fabrication de l’huile, de la conserve, du savon. Les grignons (déchets de l’olive) servaient à l’alimentation du bétail.

 

 

 

 

CULTURE EN BANQUETTES.

Tous les ans, des pluies torrentielles arrachaient des milliers d’hectares de bonne terre sur les flancs des montagnes.

Pour arrêter cet érosion et rendre la terre cultivable il fallut créer des espèces de gradins (des banquettes) sur lesquels on planta des oliviers, des arbres fruitiers ou forestiers, de la vigne…

 

 

 

En 1830 il n’existe que quelques ilots d’arbres fruitiers dans les montagnes du TELL, de la KABILIE, et des AURES.

Les premières années, le développement se fait de manière continue.

A partir de 1936 l’agrumiculture, branche la plus importante de la culture fruitière, prend un essor spectaculaire à la suite de la crise espagnole.

1958 pour les seuls agrumes il existait en Algérie 10300 arbres.

Trois organismes administratifs eurent une action particulièrement marquée pour le développement de l’arboriculture :

  1. LE SERVICE DE L’ARBORICULTURE FRUITIERE qui avait pour vocation:

A- l’expérimentation dans les 2 principales stations.

  • Boufarik traitant essentiellement les agrumes.
  • Sidi-Aïch (vallée de la Soumman, Bougie) orientée vers le figuier, l’olivier.
  • Ainsi que dans d’autres stations expérimentales, dans les écoles d’agriculture et chez de nombreux agriculteurs.

B- la vulgarisation fruitière : rôle dévolu aux ingénieurs et agents, chargés de l’arboriculture dans chaque département.

C- la formation de personnels spécialisés (cours du soir, taille et greffe).

2. l‘OFALAC. Office Algérien d’action économique et touristique.

3. LE SERVICE DE PROTECTION DES VEGETAUX (contrôle phytosanitaire)

 

Les agrumes

L’orange était déjà présente en 1830 à Alger au temps des Turcs.

La mandarine qui elle, n’existait pas fut importée de Padoue par Auguste HARDY directeur du jardin d’essai à ALGER. Elle s’avéra particulièrement savoureuse et se répandit comme un fruit de consommation courante.

La clémentine est une variété de mandarine obtenue en 1892 par le Père CLEMENT, religieux de l’orphelinat de Misserghin près d’Oran. Louis TRABUT la propagea en 1902

Le citron d’été et des 4 saisons couvrait un millier d’hectares

Les agrumes étaient cultivés sur 37 000 hectares et produisaient 3 400 000 quintaux dont 1 000 000 pour la consommation locale (confiture, boisson). Le reste était exporté vers la Métropole ainsi que vers l’Allemagne.

Les 3/4 de la production mondiale de la clémentine soit 600 000 quintaux provenaient de l’Algérie.

Les agrumes demandaient des soins assidus et de constantes études pour lutter contre les maladies et particulièrement contre la terrible « tristeza ».

 

Le figuier.

C’était une richesse autochtone de l’Algérie (9/10 en Kabylie).

6 000 000 d’arbres produisaient 100 000 tonnes de figues.

Contaminée par une larve de papillon, la figue sèche dont 12 000 tonnes étaient exportées, fut sauvée grâce au trempage, dans l’eau bouillante, préconisé par Julien BRICHET et plus tard par la désinsectisation au bromure d’éthyle qu’André LEPIGRE avait mis au point à l’insectarium du jardin d’Essai d’Alger

Les Européens avaient planté des vergers de figuiers pour la confiture sur la côte entre CHERCHEL et TENES.

Nos sources :

  • « L’oeuvre française en Algérie » P; Goinard
  • « Coopération agricole de la région de Bône »
  • « France Horizon »
  • Internet
  • « Alger revue » B.Venis
  • « C.D.H.A »
  • « Ensemble »

L’institut Pasteur à Alger

INSTITUT PASTEUR d’ALGER.

 

Historique de l’Institut Pasteur d’Alger.

L’Institut Pasteur d’Alger fut créé en 1894, sur l’initiative des Docteurs J. B. TROLARD et H. SOULIE. Il avait pour mission au départ, d’assurer le traitement antirabique des personnes mordues

En l’an 1900, l’Institut Pasteur de Paris détacha à Alger une mission permanente, dirigée par les frères Edmond et Etienne SERGENT, pour vérifier les hypothèses émises par le Docteur Alphonse LAVERAN sur l’agent du paludisme.

Conformément aux conclusions de la mission, fut créé le 31 décembre 1909, l’Institut Pasteur d’Algérie, né de la fusion entre cette mission et l’Institut Pasteur d’Alger.

L’Institut Pasteur d’Algérie fut considéré comme un Institut d’Outre-mer, rattaché à la maison-mère et placé sous la tutelle des autorités coloniales locales, à la suite d’un contrat signé entre C. JONNART, gouverneur général de l’Algérie et l’Institut Pasteur de Paris dirigé par le Docteur Jean ROUX.

Ce contrat définit l’Institut Pasteur d’Algérie comme « le centre de recherches scientifiques d’après les méthodes pasteuriennes » auquel est confié « l’étude des maladies virulentes de l’homme, des animaux et des plantes intéressant l’Algérie et les pays de l’Afrique du Nord, l’enseignement des méthodes micro biologiques, l’organisation et la direction de tous les travaux, missions et études scientifiques se rapportant aux recherches micro biologiques ou intéressant la santé publique en Algérie ».

La direction de cet Institut fut confiée au Docteur Albert CALMETTE (de 1910 à 1912) ,  puis au Docteur Edmond SERGENT (de 1912 à 1962). L’action de cet établissement, limitée tout d’abord au service antirabique, s’étendit bientôt à la préparation des sérums et vaccins, à l’organisation du service antipaludique, et d’une façon générale, à l’étude de la pathologie algérienne.

 

Contre les maladies

D’après les frères Sergent, deux Pastoriens, pour endiguer le paludisme,   la « quininisation » systématique des porteurs de germes était le seul moyen de stérilisation du réservoir de virus. C’est pourquoi il fut décidé une méthode de distribution de la quinine à tous les habitants d’une localité « fiévreuse ».

Pour beaucoup d’autres maladies, l’action de l’Institut Pasteur rendit des services irremplaçables avant l’ère des antibiotiques : sérothérapie du typhus, de la poliomyélite et vaccination antityphoïdique.

Les frères Sergent avec Parrot, Donatien et Béguet étudièrent le « bouton d’Orient » ou « clou de Biskra » ; Ils apportèrent la preuve que c’est la piqûre d’un moucheron nocturne, le phlébotome qui provoque ce bouton par inoculation de leishmania.

Le départ massif des cadres français en 1962 , contraint l’Institut Pasteur d’Algérie à arrêter momentanément ses activités scientifiques. Le Docteur BEGUET assurera l’intérim jusqu’au mois d’avril 1963.

 

Contre les maladies du palmier et des animaux.

Sergent et Bégué déterminèrent l’agent causal du « bayoud », maladie du palmier, un champignon se propageant dans le stipe. Ils remplacèrent les palmiers malades par une variété reconnue naturellement résistante.

L’Institut Pasteur reconnut l’agent de la piroplasmose transmise par les tiques et qui frappait les bovins d’ictère. Il proposa un vaccin préventif efficace. D’autres vaccins protégèrent, chevaux, mulets et ânes contre la lymphangite cryptococcique et les chèvres contre la brucellose (fièvre de Malte des humains)

Plus importante encore avait été la vaccination contre la clavelée, maladie du mouton. De 1913 à 1914, 28 millions de doses furent fabriquées, dont une partie fut fournie à plusieurs pays étrangers.

Dans le Sud, dès 1902 les frères Sergent avaient démontré que le « débab » du dromadaire était provoqué par un hématozoaire et transmis par la piqûre des taons dans le bled, des stomoxes dans les fondouks. Ils l’avaient combattu avec succès par chimiothérapie et par mesures préventives.

Le Maréchal Franchet d’Espérey pourra déclarer aux fêtes du Centenaire en 1930 : « la lutte contre la malaria aura été le chef-d’œuvre colonial en Algérie »

En 1962, nous pouvions affirmer que le paludisme n’était plus un fléau, mais seulement un souvenir 

 

 

 

Un marécage

Histoire d’un marais algérien

« La vocation agricole de l’Institut PASTEUR d’Algérie s’était concrétisée à partir de 1927 par une démonstration pratique ayant valeur de symbole.

« L’histoire d’un marais algérien » écrite par les frères SERGENT est le plus beau des romans. Un domaine de 300 hectares acquis dans un site mitidjien réputé malsain encore, près de Birtouta, aux Ouled Mendil, allait permettre d’appliquer à la lettre les directives du Dr ROUX « prendre une terre inculte rendue inhabitable par le paludisme et montrer que, grâce aux méthodes prophylactiques modernes, on peut  d`emblée cultiver ces terres et y vivre en bonne santé »

On laissa un quart d’hectare en son état primitif comme témoin de ce qu’il y avait avant la colonisation française ; on assainit tout le reste par de judicieux drainages ; on planta 26 000 arbres ; on usa de tous les moyens de défense et de prévention, tant pour les autochtones sur place que pour les Européens venus y résider : les uns et les autres obtinrent des cultures fécondes et un cheptel magnifique.

Ainsi, ce marais métamorphosé, microcosme de notre agriculture algérienne sur fond de souffrances et de morts, était-il parvenu au prix d’immenses efforts conjugués, obstinés et intelligents, à un véritable chef d’œuvre.

 

L’Institut Pasteur d’Algérie a été amené à s’occuper de questions pathologiques non microbiennes et de questions d’ordre économique.

Pathologie non microbienne.

L’expérience a prouvé :

1° – que des cas d’intoxication, causés par l’ingestion de cailles « vertes » (du printemps) étaient dus aux graines de ciguë dont s’étaient nourris les oiseaux, alors que les cailles de « chaume » de la migration automnale, au retour d’Europe n’étaient pas toxiques.

2° – qu’une quantité appréciable de vitamines antinévritiques B1 est conservée dans le riz étuvé.

3° -que la décoction de thé noir contient une substance toxique causant une véritable toxicomanie chez les populations indigènes d’Afrique du Nord.

Questions d’ordre économique.

1° – Hygiène rurale : le meilleur résultat pour obtenir des fosses à fumier sans mouches est obtenu  par la construction de fosses double à fonctionnement alternatif, à fermentation anaérobie.

2° – Rouissage des textiles : pendant la seconde guerre mondiale l’I.P. a improvisé la fabrication d’une excellente ficelle avec des tiges de lin ayant servi à la production de graines.

Il a également préparé, avec l’alpha une pâte pour fabriquer du papier d’emballage et des tissus grossiers.

3° – Duvet des chèvres rouges  du Sahara : l’I.P a montré que le duvet hivernal des chèvres rouges du Sahara, peut être filé et tissé pour donner des tissus analogues au châle de Cachemire.

 

 

L’Institut Pasteur d’Alger s‘illustre par les recherches d’Alphonse Laveran sur la transmission du paludisme dont il découvre l’hématozoaire. Il reçoit le prix Nobel de médecine en 1907.

Calmette a pu dire : « L’œuvre de Laveran apparaît aujourd’hui comme la plus importante en médecine et en hygiène après celle de Pasteur »

 

 

 

 

 

Les docteurs de l’Institut Pasteur, avec de nombreux collaborateurs, entreprirent de vastes études sur l’étiologie et le traitement des maladies algériennes, humaines, animales et végétales, en étroite liaison avec les médecins du bled ainsi que les vétérinaires et les agriculteurs, dans cet esprit de coopération polyvalente si développé chez tous ceux qui oeuvrèrent en Algérie.

On aura une idée de l’activité de l’Institut par le nombre de ses publications : 2276 titres.

 

Le  Gouverneur Général Théodore Steeg a condensé en 1926, en une brève formule, le programme assigné à l’activité de Institut Pasteur : « Asile de réflexion et d’expérience où la science se crée, où la science s’enseigne, où la science s’applique ».

 

Institut Pasteur d’Alger (Jardin d’essai)

 

 

                 

 

La Prémunition

L’Institut Pasteur a tiré de l’ensemble de ses recherches expérimentales une théorie qui intéresse à la fois la biologie générale et la médecine : la théorie de la Prémunition. A côté de l’immunité « vraie » que procure une première attaque de certaines maladies infectieuses (rougeole, scarlatine etc.) il distingue une autre forme de résistance acquise qu’il a désignée sous le nom de « Prémunition » et qui est caractérisée par le fait qu’après certaines autres maladies infectieuses (paludisme, piroplasmose, tuberculose, syphilis ) l’organisme ne résiste à une nouvelle contamination que tant qu’il héberge encore des microbes.

 

Assainissement de la Mitidja,

En 1830, près d’ALGER, la MITIDJA était une plaine marécageuse, inculte, infestée de moustiques (anophèles notamment) qui propageaient le paludisme. Cette maladie décimait la population indigène, misérable et souffreteuse.

L’armée, les médecins, le personnel médical, les religieux (Pères Blancs) puis nombre de ressortissants courageux et un peu aventuriers, aidés d’autres déracinés (Espagnols, Italiens, notamment), ont drainé cette plaine inhospitalière. Plus tard, ils ont creusé des canaux pour évacuer les eaux stagnantes. Ils ont planté d’importantes quantités d’eucalyptus qui ont pompé les eaux croupies tout en purifiant l’atmosphère. Ils ont introduit une variété de poissons (les gambouses) qui se nourrissaient des larves de moustiques dans les plans d’eaux que l’on ne pouvait évacuer. Ils ont ainsi assaini cette plaine.

Ainsi, cette pauvre Mitidja, créée par nos aïeux au prix de leur sueur et de leur sang, exploitée et entretenue par nos soins, est devenue cette magnifique région, luxuriante, riche, généreuse.

Il  en a été de même pour les autres régions marécageuses (Bône, Oran)

C’est là un des aspects de la présence française en Algérie.

 

Henry Foley

Henry Foley poursuit pendant 35 ans ses travaux scientifiques à la tête des laboratoires sahariens de l’I.P. à Alger et à Beni Ounif.

Il va continuer l’œuvre pédagogique, en formant jusqu’en 1955 tous les médecins appelés à servir dans les Territoires Sahariens, grâce au stage à l’I.P. d’Alger, stage qu’il a institué dès 1918.

Chronologie 

 

1894 Organisation d’un Institut Pasteur à Alger par deux professeurs de l’Ecole de Médecine : B. Trolard et H. Soulié, assurant le traitement antirabique, la vaccination antivariolique et la lutte antipaludique.
1900 Deux médecins élèves de l’I.P. de Paris, les frères Sergent, nés dans le Constantinois étaient envoyés à Alger en mission permanente.
1902 Dans le Sud les frères Sergent démontrent que le « debab » des dromadaires est provoqué par un hématozoaire et transmis par la piqûre des taons.
1907 Alphonse Laveran reçoit le Prix Nobel de Médecine.

Ed. Sergent et H. Foley découvrent le rôle du pou dans la transmission du typhus.

H. Foley crée  à Beni Ounif un laboratoire qui deviendra en 1911 « Laboratoire Saharien de l’Institut Pasteur d’Algérie »

1910 Le Gouverneur Général Jonnart confie la direction de l’Institut Pasteur d’Algérie au Dr Albert Calmette pour « l’étude des maladies virulentes et contagieuses de l’homme, des animaux et des plantes »
1912 Le Dr Edmond Sergent est nommé directeur jusqu’en 1962.
1913-1914 L’I.P. fournit 28 millions de doses de vaccins contre la clavelée (maladie du mouton)
1914 L’I.P. crée le vaccin triple contre la typhoïde et les paratyphoïdes appelé plus tard T.A.B.
1914-1916 Ed. Sergent expérimente un micro-organisme, isolé par F. d’Hérelle (coccobacillus acridiorum) pour la destruction des bandes de sauterelles pèlerines qui envahissent l’Algérie de manière régulière.
1921 Sergent et Béguet détectent l’agent causal du « bayoud » maladie du palmier de l’Oasis du Figuig.

Les frères Sergent, L. Parrot, A. Donatien et M Béguet font apparaître le rôle des phlébotomes, insectes piqueurs nocturnes dans la transmission de la leishmaniose cutanée, appelée aussi « bouton d’Orient ou clou de Biskra »

1922 Création d’un laboratoire saharien à Biskra.
1923 Ed. Sergent fonde la revue des « Archives de l’Institut Pasteur d’Algérie » qui succède aux « Archives des Instituts Pasteur d’Afrique du Nord »
De 1923 à 1961 L’I.P. a produit 3 656 000  doses de vaccins B.C.G.

Pendant la guerre 39-45 il fournissait les troupes alliées.

1927 La vocation de l’I.P. se concrétise par une démonstration pratique : Histoire d’un marais algérien.
1928 Vaccination antituberculeuse par le B.C.G. sur 20 000 sujets par H. Foley et L. Parrot, à Beni-Ounif de Figuig.
1930 Edmond Plantureux prépare un vaccin formolé contre la rage, destiné à la vaccination du chien avant morsure.
1935 La Société Des Nations fait appel à Ed. Sergent pour présider la Commission Mondiale du Paludisme.
1936 Etienne Sergent qui s’est attaché depuis 1932 à l’étude des scorpions sévissant en Algérie, met au point un sérum antiscorpionique.   (4000 cas sont ainsi soignés)
1943 L’I.P. a institué, avec un succès complet, les premières expériences qui aient été faites, dans le bassin méditerranéen,  sur l’action de la poudre DDT sur les poux.
1949 Démoustication systématique des habitations des Oasis de la région de Ouargla
1951-1952 Le chloriguane est remplacé par la nivaquine.

 

 

Nos sources :

Pour les frères Sergent : Archives Institut Pasteur

Pour Henry Foley : Paul Doury

L’œuvre de l’Institut Pasteur en Algérie par le Dr Edmond Sergent

www.pasteur-international.org

 

 

La médecine en Algérie de 1830 à 1962

    

LA MÉDECINE en ALGÉRIE

Situation sanitaire initiale

Après des siècles de guerres intestines et 300 ans d’occupation turque, il ne restait en Berbérie que quelques vestiges de la médecine arabe, brillante au Moyen-Âge, héritière du patrimoine hellénistes.

Par contre il arrivait que séjournât auprès d’un Consul quelque praticien piémontais, français, espagnol ou britannique comme Bowen auquel sera confiée la direction du premier hôpital civil aménagé par les Français.

C’est un étudiant allemand Pfeiffer, captif en 1826, devenu médecin du Khaznadji, qui soigna les blessés turcs et indigènes du débarquement, avant de les confier aux neuf chirurgiens français.

   En 1880 le docteur Laveran découvre l’agent du  paludisme

 

Médecins de Colonisation

Ce corps fut créé en 1853 par le Maréchal de Saint Arnaud.

A partir de 1944 les médecins de colonisation furent appelés Médecins de « l’Assistance Médico-Sociale d’Algérie » (A.M.S.A)

Leurs  journées  étaient  surchargées :

–    consultations (40 à 50 malades)

  • distributions de médicaments (le médecin était aussi pharmacien)
  • visites des malades hospitalisés,
  • interventions de petite chirurgie,

Trois fois par semaine, consultations plus spécialisées pour le paludisme, le trachome, la tuberculose, les maladies vénériennes.

Chaque semaine, visite des prostituées.

Entre ces séances, tournées hebdomadaires dans les douars.

Tous les 2 mois, inspection des écoles.

Quatre fois par an, assistance aux mères et nourrissons, tournées de vaccination.

Il est bon de rappeler l’aide appréciable, que les instituteurs (surtout ceux du Bled) apportèrent au Corps Médical souvent surchargé.

 

   Les soins de la France de l’enfant au vieillard.

 

  La mère supérieure des Sœurs de Saint Vincent de Paul  fait une piqûre à un centenaire (Ténès 1956).

 

Surprenant paradoxe, malgré le conflit, le développement matériel et sanitaire de l’Algérie était partout poursuivi. En 1958 le Plan Quinquennal mis au point sous la présidence de monsieur Salah Bouakouir (polytechnicien) prévoyait une place importante pour les réalisations de la Santé publique ; leur exécution fut entreprise et continuée jusqu’au bout.

Ce qui caractérisa fortement cette période fut l’importance de la médecine militaire dans le bled. Pendant près de 6 ans 700 jeunes médecins et 1300 infirmiers du contingent vinrent en aide aux équipes civiles déjà en place et débordées. Ils participèrent activement aux Sections Administratives Spécialisées ( S.A.S.) dans certains villages et les 1000 cités de regroupement.

Grâce à cette action combinée en pleine guerre, chaque mois plus d’un million de consultations étaient distribuées en Algérie aux populations indigènes.

 

Dépassant    à    peine    2 000 000     en 1872,  le nombre des Indigènes avait plus que quadruplé en moins d’un siècle : 9 000 000  en 1962.

Les médecins et les chirurgiens n’avaient pas seulement refoulé les épidémies, éradiqué les endémies diffuses, réduit la mortalité infantile, sauvé des vies condamnées, ils avaient conquis le cœur des populations.

 

L’expansion hospitalière

1913 – 5593 lits

1929 – 12000 lits

1953 – 24284 lits

1959 – 30793 lits

1960 – 31042 lits (1 pour 300 habitants) :

– 1 hôpital de Faculté (2000 lits),

– 2 hôpitaux de chefs-lieux de plus 1000 lits,

– 112 hôpitaux polyvalents dont 23 Centres Régionaux ; 14 spécialisés dont l’hôpital psychiatrique porté à plus de 1000 lits,

– 9 établissements privés dont 5 spécialisés.

Auxquels il faut ajouter, sanatoriums et préventoriums.

La Santé publique représentait une charge financière écrasante : le 1/10 du Budget de l’Algérie.

Le Corps médical  en 1961, comprenait : 2057 médecins civils,

700 médecins militaires,

 

Des  comparaisons  s’imposent :

les  autochtones  des USA  étaient  plus de  1 000 000  à  l’arrivée  des Blancs  et 237 000 en 1900. Il ne reste aujourd’hui que 280 000 Indiens au Canada.

 

 

Hôpital de Constantine

 

 

Beni Ounif

En 1906 le médecin Henry Foley est affecté à Beni Ounif de Figuig, petite oasis saharienne située dans le Sud Oranais à la frontière du Maroc.

 

Le Docteur Henry Foley examinant un malade

 

Beni Ounif en 1907

 

Dans les Territoires du Sud.

1918 – 15 infirmeries

1928 – 23 infirmeries, toutes dans des locaux préexistants,

puis constructions en   dur

1960 – 28 infirmeries-dispensaires pourvues de matériel moderne

avec salle d’opération, maternité, pharmacie. 25 d’entre

elles possèdent une installation radiologique.

Création de dispensaires anti-ophtalmiques.

 

Préventorium de Bugeaud

 

 

Les religieuses soignantes

Dès les premières années les religieuses soignantes arrivèrent en Algérie. Plus tard Mgr Lavigerie et ses sœurs missionnaires d’Afrique ouvrirent la voie à l’hospitalisation dans le bled en fondant 4 établissements : dans la vallée du Chélif à St Cyprien des Attafs, en Kabylie aux Beni-Menguellet, à Arris dans l’Aurès et à Biskra.

 

Grande a été la part des religieuses dans la diffusion de la médecine auprès des trois communautés. Les autochtones en particulier découvraient en elles une vocation, admirable et déroutante, sans équivalence dans l’Islam ou le Judaïsme. Ces femmes renonçaient à toute vie familiale pour se consacrer aux malheureux, « des anges descendus du ciel » disaient les Musulmans.

 

En 1834 le docteur Maillot prescrit la  quinine   pour lutter contre le paludisme

 

Camion médical de la Croix-Rouge  dans les faubourgs d’Alger.

 

 

Drapeau français et Croix-Rouge française : camion médical dans le bled en septembre 1959  à Taliounine, vallée de l’Isser.

Vaccination des jeunes enfants

 

Réalisations privées

Parallèlement au développement des Hôpitaux Publics, dès le début du siècle,  avaient  été  fondées  des Cliniques Privées bien aménagées et équipées  (Dr Stumpf à Alger, Dr Abadie et Jarsaillon à Oran).

Par la suite elles se multiplièrent même dans les villes moyennes. Leur essor rivalisa avec celui des hôpitaux. Avec les Maisons d’accouchement elles dépassaient la centaine.

De surcroît  la Sécurité Sociale s’installant en Algérie les Caisses Professionnelles ne tardèrent pas à construire des centres de Santé ainsi que, dans la banlieue d’Alger, une importante Clinique de pneumologie.

Vaste complexe hospitalier de Mustapha à Alger composé des 28 Services des professeurs de la Faculté de Médecine

 

 

La lutte contre les maladies locales

Sous l’autorité du Directeur de la Santé Publique du Gouvernement Général, en étroite liaison avec l’Institut Pasteur, une action énergique et concertée vint épauler celle des médecins administratifs dans le bled et dans les villes.

Le paludisme.

En 1830 les fièvres palustres étaient un fléau généralisé, pas seulement autour des marécages. La rate énorme du paludéen (splénomégalie) finissait par entraîner la mort.

Dès 1834 le docteur Maillot se fit l’apôtre de la quinine pour lutter contre le paludisme. Plus tard un service antipaludique comprenant un médecin directeur et quatre médecins paludologues dans chaque département, fut organisé. Il s’occupait  de mesures d’assainissement : –  suppression des eaux stagnantes ou peuplement des étangs et marais par des gambouses (petits poissons dévoreurs de moustiques) – épandage de DDT par avions et hélicoptères – distribution de comprimés à base de quinine aux personnes les plus exposées, près des cours d’eaux et des lacs.

Le paludisme n’était pas complètement éradiqué mais ne tuait plus.

La variole.

Elle y était à l’état endémique, tuant une fois sur deux, laissant après elle nombre d’aveugles.

L’immense travail de vaccination l’a fait disparaître chez les Européens, mais non totalement chez les Indigènes, qui s’y dérobaient encore quelquefois.

La syphilis.

Elle atteignait 60 à 80% de la population sous des modalités parfois sévèrement mutilantes ( 2 trous béants à la place du nez, perforation du palais)

Dès 1831 un dispensaire fut créé contre cette maladie et les maladies vénériennes.

Pour lutter contre ces fléaux, 164 dispensaires furent organisés. Ils étaient reliés aux laboratoires départementaux.

Dès 1943 les antibiotiques  commençaient à éradiquer ces affections.

Le kyste hydatique.

Le kyste hydatique du foie de la rate et du poumon, très répandu, surtout dans les régions d’élevage, était généralement mortel. Il régressa très nettement grâce au contrôle des abattages des bovins et ovins par les vétérinaires, aux médicaments, aux progrès techniques des chirurgiens et devint presque toujours guérissable. 

Le trachome.

Il entraînait beaucoup de cécités (25 aveugles pour 1000 habitants, 1 sur 100 dans le Sud)

La lutte antitrachomateuse et contre les autres affections oculaires contagieuses fut entreprise dans 90 centres de traitement. C’est surtout l’action en milieu rural et l’inspection médicale des écoles qui ont contribué au succès de cette lutte contre un des fléaux sociaux les plus graves de l’Algérie.

Six formations mobiles comprenant chacune un tracteur Diésel et un semi-remorque aménagé en salle d’ophtalmologie permettaient des missions dans les endroits reculés.

Le typhus.

L’extermination des poux et des puces était assurée, conjointement aux hôpitaux auxiliaires par 121 équipes communales et 23 équipes de secteurs. En 1941-42, les équipes d’épouillement étant désorganisées par la guerre, une épidémie de typhus éclata. 4 400 000 personnes reçurent le vaccin préparé par l’Institut Pasteur. Le mal fut enrayé.

 

 

 

La Mission Ophtalmique Saharienne (M.O.S.)

De 1945 à 1962 le Dr Renée ANTOINE sillonne les Territoires du Sud de la frontière marocaine à la frontière Libyo-Egyptienne et de la lisière du Sahara à Tamanrasset avec 2 camions Renault équipés l’un en salle de consultation, l’autre en salle d’opération. En 38 ans elle a parcouru 87500 km, donné 43800 consultations, pratiqué 4259 opérations.

Transfusion Sanguine

 Un grand colon, le sénateur Borgeaud fit construire et équiper à ses frais, une usine de lyophilisation sur son domaine de La Trappe, ce qui permit, avant la fin de la guerre  de 1939-1945 de livrer du plasma lyophilisé.

Dès 1951, 300 000 donneurs de sang étaient inscrits à Alger dont 1/3 de musulmans.

En 1962, le centre de La Trappe disposait de 8 lyophilisateurs.

Les musulmans qui avaient boudé la médecine au début, y vinrent de plus en plus. A la Clinique Chirurgicale Infantile, en 1956 ils occupaient 83% de lits contre 12% en 1910.

 

Les autres Institutions Médico-Sociales

 Elles sont représentées par :

L’Assistance Médicale gratuite.

Les soins aux pensionnés de guerre, selon la même législation qu’en France métropolitaine.

La législation de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles.

L’obligation des services médicaux du travail dans les entreprises dans les mêmes conditions qu’en Métropole.

 

Chronologie

1833 Très tôt les médecins militaires avaient ouvert des hôpitaux (ou des locaux annexes) pour donner des consultations aux Indigènes.

Ebauche d’Enseignement Médical par le jeune major Baudens pour les cours d’Anatomie et Stéphanopoli pour ceux de Physiologie.

1834 Le  docteur Maillot, à Bône, se fit l’apôtre de la quinine, la substituant à l’administration de la simple écorce de quinquina, contre le paludisme.
1835 Le docteur Pouzin fit monter à Boufarik une vaste baraque en planche pour y soigner les Indigènes. Elle fut remplacée en 1836 par l’Hôpital militaire du camp d’Erlon.

Le baron Vialar entreprit une collecte en France, afin de secourir les Musulmans « comme des frères ». Sa sœur Emilie et trois compagnes de l’Ordre de St. Joseph vinrent à Alger pour soigner des cholériques. L’Ordre essaima à Bône et à Constantine.

Près de Fort de l’Eau, le prince polonais Mir, aménageait dans son domaine une infirmerie où étaient soignés gratuitement Européens et Indigènes.

1840 Les Sœurs de la Doctrine Chrétienne se fixent dans le Constantinois jusque dans de très petits villages (Akbou).
1842 Les Filles de la Doctrine Chrétienne arrivent à Alger ainsi qu’à Constantine.
1843 Les Trinitaires se fixèrent à Oran. Plusieurs moururent du Choléra en 1849.
1845 108 médecins militaires sont remplacés par des médecins fonctionnaires.
1848 Début d’Enseignement Obstétrique dispensé en langue arabe par une sage-femme madame Mahé.
1853 Création par le gouverneur Randon du Corps des « Médecins de Colonisation »

Un legs dû à Fortin d’Ivry permit d’aménager dans les jardins de Mustapha Pacha des baraquements abritant 600 lits.

1857 Le 4 août, Création de l’Ecole Préparatoire de Médecine et de Pharmacie d’Alger, (rattachée à la Faculté de Montpellier). Un des principaux rôles de cet Etablissement sera «  l’éducation médicale des jeunes indigènes »  Il deviendra Faculté en 1909.
1862 Le docteur Guignet se fait le pionnier de la lutte contre les affections oculaires.
1878 Des pavillons en dur furent édifiés sur 8ha des jardins de Mustapha Pacha : 14 bâtiments se faisaient face.
1880 A Constantine le docteur Laveran découvre l’agent du Paludisme (l’hématozoaire). Il recevra le prix Nobel en 1907.
1891 A Alger le docteur H. Vincent organise un laboratoire de bactériologie ( le premier de l’armée). Il étudie la fièvre typhoïde et met au point un vaccin contre la maladie. Il montre la nature fuso-spirillaire de la grave angine qui porte son nom.
1894 Fondation d’un Institut Pasteur à Alger par les professeurs  Trolard et Soulié pour assurer les vaccinations antirabique et antivariolique.
1900 Une première campagne prophylactique est entreprise à l’est d’Alger (Alma)
1904 Création du « Service Algérien d’Etudes Antipaludiques » par le Gouverneur Général Jonnart.
1909 L’Ecole de Médecine devient Faculté et ne cesse de se développer. Le nombre de ses chaires  augmente jusqu’à être porté à 35 en 1959.

L’Institut Pasteur d’Alger devient une filiale de celui de Paris. Albert Calmette en est nommé directeur aidé par le docteur Ed. Sergent. Il est ensuite confié à  Ed. Sergent qui le dirigera de 1912 jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.

1909-1910 A  Beni-Ounif de Figuig le docteur H. Foley prouve que le typhus est transmis par le pou et décrit le virus avec le docteur Ed. Sergent.
1912 Un second hôpital général, lui aussi pavillonnaire sortit de terre à Hussein-Dey dans un beau domaine fleuri légué par son généreux propriétaire Joseph Parnet. Dans le même temps Oran Constantine et Bône disposaient également d’un grand hôpital.
1924 Création d’un Corps des Infirmières Visiteuses Coloniales
1927 L’œuvre dite des « Mères et Nourrissons » est créée.
1934 Création du Corps des Auxiliaires Médicaux Indigènes dénommés par la suite Adjoints Techniques « de la Santé ». Ils furent pour la plupart d’excellents collaborateurs.

La même année sera décidée la formation « d’Infirmières Visiteuses Indigènes d’Hygiène Sociale ».

Les familles musulmanes ont longtemps boudé cet enseignement puis s’y sont enfin résolues

1935 La Société des Nations fait appel à Edmond Sergent pour présider la Commission Mondiale du paludisme.

Edification boulevard de Verdun d’une Clinique-Ecole par la Croix-Rouge et les Sœurs Blanches.

1936 Création par des Sœurs Blanches d’un Hôpital dispensaire intercommunal à El-Affroun en Mitidja

Fondation d’un Centre Psychiatrique modèle de 712 lits à Blida-Joinville.

1942 Le vaste dispensaire « Barbier-Hugo » de la Croix-Rouge devient le premier Hôpital privé consacré à la seule neuro-chirurgie (75 lits).

Création d’un Centre d’Assistance Ophtalmologique Rural à El-Affroun

1945 Mise sur pieds de la « Mission Itinérante Ophtalmologique Saharienne » (M.O.S ) du docteur Renée Antoine.
1950 La Mutualité Agricole remet au Gouvernement Général six formations mobiles (tracteur semi-remorque aménagé en salle d’ophtalmologie) permettant des missions dans des endroits reculés.
1956 Ouverture d’un Centre de Rééducation chirurgicale près de Tixerain, qui avait peu d’équivalent en France à cette époque (120 lits, 60 paraplégiques)
1958 Ouverture à Alger d’Ecoles d’Anesthésie et de Kinésithérapie.

Création d’une Faculté de Médecine à Oran et à Constantine.

1959 Construction d’un Centre de Chirurgie Cardio-Respiratoire à Beni-Messous.
1960 Installation d’une Maternité Moderne conjointe à une Ecole de Sage-femmes à Hussein-Dey. Elle fut inaugurée … aussitôt après l’indépendance !

  

Nos sources :

Pierre Goinard : Algérie : l’œuvre française.

Piedsnoirs-aujourd’hui.com

Ph. Héduy : Algérie française

Paul Doury ; Henry Foley

 

 

 

L’enseignement primaire en Algérie (1830-1962)

Enseignement Primaire

L’enseignement Primaire public.

Dès 1831, Jonnart, membre de l’Institut, propose l’application de l’Enseignement Mutuel, méthode qui est employée à cette époque dans l’armée française, pour alphabétiser les soldats illettrés. En classe, elle consiste à confier le rôle de moniteurs aux grands élèves jugés aptes à expliquer à leurs camarades ce qu’eux-mêmes viennent d’apprendre : les jeunes Français enseigneront leur langue aux musulmans et réciproquement. Cette expérience est un échec ( sur 1324 élèves, 95 arabes seulement, 0,7%) Elle est progressivement abandonnée au profit des écoles maures-françaises.

En 1836 est créée à Alger, la 1ère école Maure-Française de garçons : 60 élèves encadrés par 2 maîtres, le Français enseigne les matières de base, lecture, écriture, grammaire, orthographe et arithmétique. Le maître musulman enseigne la langue arabe et la religion de l’Islam. Les effectifs sont trop réduits, on décide une 3ème tentative : les écoles arabes-françaises.

Le décret du 14 juillet 1850 crée 10 écoles Arabes-Françaises, gratuites 6 pour garçons, 4 pour filles à Alger, Oran, Bône, Constantine, Mostaganem. Ses programmes s’inspirent de ceux de l’école maure-française mais, lecture, écriture, calcul en français et en arabe, avec quelques notions de géographie, sciences naturelles. Le maître adjoint musulman enseigne essentiellement une étude du Coran limitée à l’aspect linguistique.

École publique pour jeunes Algériens vers 1858

 

« Mais l’imperfection des méthodes d’enseignement et surtout la difficulté de recruter des maîtres capables sont un obstacle au progrès de notre influence sur la jeunesse. Ces maîtres, une Ecole Normale Primaire peut seule les leur donner (…) Il est nécessaire d’y placer (dans les écoles) des maîtres initiés à l’usage de l’arabe parlé, à la connaissance générale des mœurs et capables d’adapter leurs méthodes aux habitudes intellectuelles des Indigènes(…) » d’où la création à Alger par le décret impérial du 4 mars 1865 d’une Ecole Normale d’Instituteurs pour les Européens et les Indigènes. Puis avec les Ecoles Normales d’Institutrices de Miliana et d’Instituteurs de Constantine créées en 1874 et 1878 respectivement, les instruments efficaces d’un succès futur sont en place et l’on peut dire avec Ali Mérad que l’année 1880 «  fut (…) le seuil d’une nouvelle ère dans l’évolution culturelle de l’Algérie »

Ecole Normale de La Bouzaréah «(Enseignants)

Depuis 1891, une «section spéciale d’adaptation des Instituteurs français à  l’enseignement des Indigènes », formait par une 4ème année d’école, sur les 15 hectares du domaine, des enseignants qui devaient être à la fois, selon les termes d’un Recteur d’Académie, « instituteurs, infirmiers, agriculteurs, écrivains publics, guides et conseillers d’une population qui les a vénérés… L’Algérie, concluait-il, leur doit beaucoup » d’après le Bulletin de l’Académie d’Alger (nov. 1957 p. 102) (Goinard p. 246)

En  23  ans  d’exercice,  depuis  1883,  au  village  de Taourirt Mimoun, M. Verdy eut 56 de ses écoliers qui devinrent élèves- maîtres à l’Ecole Normale de Bouzaréah.

 

Alors qu’en 1883, malgré l’école primaire, obligatoire, gratuite et laïque, la résistance musulmane, arabe et berbère était toujours aussi vive, allant jusqu’au refus pur et simple « de l’école du diable » au prétexte qu’elle les rendait esclaves, vers 1923, volte face en faveur de l’école française, (beaucoup d’Indigènes aspiraient à un autre mode de vie pour leurs enfants) et en 1961 ils étaient plus de 878 000.

 

En 1886, des Cours Complémentaires d’Enseignement Général furent annexés aux écoles primaires. Ils étaient destinés aux adolescents au-delà de 14 ans et pourvus du certificat d’études et menaient soit au brevet élémentaire soit au concours d’entrée dans les écoles normales

En 1896 furent créés des Cours Complémentaires d’Enseignement professionnel pour lesquels on faisait appel à des maîtres-ouvriers, pour assister les enseignants.

Cependant la fréquentation des écoles par les filles musulmanes restait très marginale : 1%   « Il nous faut, disaient les Musulmans, des femmes et non des cadis pour épouses. »

Mais, vers 1920, le nombre des filles musulmanes scolarisées représentait déjà 10% des élèves indigènes.

Vers 1923, afflux des Musulmans vers l’école française. Il fallut construire des écoles par milliers (1/6 du budget)

L’Ecole républicaine institua deux types d’enseignement :

Type A : – Dans les communes de plein exercice*, l’enseignement est identique à celui de la Métropole. Les petits Musulmans qui souvent parlaient le français, étaient côte à côte avec leurs condisciples européens.

ecole martimprey

Type B : – Dans les communes mixtes**, (celles où les Européens sont peu nombreux) l’enseignement destiné aux Indigènes était axé sur l’apprentissage de la langue française. Une grande place était réservée à des travaux pratiques d’agriculture et d’atelier. Les enfants européens minoritaires étaient instruits avec les Indigènes et apprenaient ainsi l’arabe.

En 1944

les écoles A comptaient 160000 élèves dont 40000 indigènes.

les écoles B comptaient 92000 élèves dont 2000 européens

Cinq ans plus tard, le gouverneur Naegelen ordonnait la fusion des deux types d’enseignement.

 

Ecole d’application 1951/52

Les enfants musulmans de 6 ans ne savent parfois pas un mot de français, surtout dans les petites villes et les villages. Pour qu’ils puissent bénéficier de l’enseignement commun il faut les mettre à même de comprendre le maître, d’où la création en 1947 d’un « Cours d’Initiation », cours « strictement » parallèle au cours préparatoire pour accueillir les enfants dont la langue maternelle n’était pas le français. On employait la méthode utilisée de nos jours pour l’enseignement des langues étrangères : « On montre un objet, on en dit le nom, on fait faire une action et on prononce le verbe qui l’exprime. »

Dès l’année suivante les élèves de cours préparatoire et de cours d’initiation se retrouvaient au cours élémentaire 1ère année.

Pour les enfants du Grand Sud, on avait créé dans le Hoggar l’Ecole Nomade. L’instituteur était attaché à un campement, faisait la classe sous la tente et suivait les gens de cette tribu à chaque déplacement. (Internet)

En 1955, en raison de l’accroissement galopant de la démographie, on crée, dans les zones rurales, des Centres Sociaux, s’inspirant de principes préconisés par l’U.N.E.S.C.O. pour l’éducation de masse. Ils avaient un triple objectif : – l’alphabétisation (lire, écrire, compter) – l’apprentissage professionnel et agricole pour les garçons, ménager pour les filles. – une assistance paramédico sociale, pour les enfants comme pour les parents. En 1960 on comptait 60 centres de 1750 élèves chacun.

Le besoin d’enseignants était tel qu’il fallut créer le Corps des Instructeurs qui bénéficiaient d’une formation spéciale. Ils furent 16000.

 

*Commune de plein exercice : commune régie comme celles de la Métropole par la loi française.

**Commune mixte : commune où les Indigènes sont admis à la Commission Municipale.

 

L’enseignement Primaire Privé.

Il connaît les mêmes vicissitudes qu’en Métropole.

En 1833, Guizot lui donne son existence légale.

Dès le début de la colonisation, les congrégations envoyèrent des missions pour évangéliser. Les religieux français créent presque toujours des écoles ; ces établissements ont, dans bien des cas précédé l’installation des établissements publics.

En 1836,  Trois religieuses installent une école et une infirmerie à Alger.

En 1840, 21 religieuses enseignent 800 fillettes, en même temps qu’elles assument un dispensaire et le service de l’Hôpital Caratine où s’entassaient 500 malades.

En 1850, la loi Falloux consacre l’existence légale de l’enseignement privé.

En 1854, 14 Pères Jésuites et 15 Frères Coadjuteurs ouvraient des écoles en Kabylie

En 1866, 18000 enfants étaient instruits dans les établissements religieux.

En 1872, les Pères Blancs ouvrent 5 nouvelles écoles en Kabylie. Pères Blancs et Sœurs Blanches en ouvrent d’autres dans le Sud.

En 1882, expulsion des Jésuites puis d’autres congrégations sont progressivement interdites, surtout après les lois de 1902-1904, non sans dommages pour les enfants dont le nombre augmentait (au début du siècle, 18000 petits Européens ne pouvaient être scolarisés, faute de locaux et de maîtres).

En 1886, la 3ème République laisse subsister l’enseignement privé mais lui refuse toute subvention.

En 1892, 300 Trinitaires instruisent 6000 élèves tout en assurant le service des hôpitaux.

En 1905, séparation de l’Eglise et de l’Etat. Celui-ci ne priva pas le Clergé d’un modique traitement car il l’assurait aux desservants musulmans.

En 1951, la loi Barangé accorde les mêmes allocations aux 2 formes d’enseignement (libre et privé).

En 1961, 3,7% des enfants scolarisés le sont dans le privé

Chronologie.

av. 1830 Ecoles coraniques : des tolbas (maîtres) faisaient réciter en chœur des sourates, apprenant lecture et parfois écriture aux seuls garçons (1 sur 5). Ecoles juives : enseignement de la Torah en arabe dialectal.
1833 Paris ouvre à Alger de la 1ère école de type Mutuel. Rôle de moniteurs confiés aux grands élèves jugés aptes. Création de 4 écoles semblables à Oran, Kouba, Dély-Ibrahim, Bône. Adoptées par les Juifs mais refusées par les musulmans.
1836 Création de la 1ère école « maure-française » de 60 élèves encadrées par 2 maîtres, un Français et un Musulman. Ecoles de même type à Bône et Oran.
1839 Création d’un collège arabe à Paris.
1845 1ère école de filles musulmanes, créée par Mme Allix-Luce, « à ses frais » c’était le 1er « ouvroir » (150 élèves).
1846 Première session du brevet de capacité (CAP).
1848 L’Académie d’Alger est créée : 286 écoles communales libres ou publiques, ouvertes bien entendu aux musulmans.

16000 élèves + 1000 dans 20 asiles,

1850 14/ 07 : un décret crée 10 écoles arabes-françaises, 6 pour garçons, 4 pour filles.

30/09 : un autre décret intéresse les écoles traditionnelles arabes.

1855 Fondation d’une école de mousses indigènes.
1856 Mlle N’Fissa bent Ali, 1ère musulmane à obtenir le brevet d’institutrice.
1865 Fondation de la 1ère Ecole Normale d’Instituteurs pour Européens et Indigènes à Alger.
1873 Mlle Fauconnet passe l’examen du brevet d’Arabe.
1874 Fondation de l’Ecole Normale de Jeunes Filles à Miliana.
1875 Décret du 15 août : L’enseignement primaire est gratuit dans les écoles « arabes-françaises ».
1878 Ecole Normale d’Instituteurs à Constantine.
1882 Création de l’école d’agriculture de Rouïba.
1883 Application de la loi sur l’enseignement primaire gratuit, obligatoire et laïque. Institution du certificat d’études primaires.
1886 Annexion de Cours Complémentaires d’Enseignement Général aux écoles primaires.
1885-1891 Réorganisation de l’enseignement « des indigènes ». Création à l’Ecole Normale d’une section spéciale d’adaptation des instituteurs français à l’enseignement des Indigènes. ..
1896 Création  de Cours Complémentaires d’Enseignement Professionnel dits « d’apprentissage ».
1907 Création de l’Ecole Normale d’agriculture de Maison Carrée qui succède à celle de Rouïba.
1909 Création de Classes de Perfectionnement pour Enfants Inadaptés.
1944 On créa un « Cadre spécial » ouvert aux jeunes gens pourvus de la 1ère partie du baccalauréat ou de brevet élémentaire ou du diplôme d’études des médersas.
1947 Création des « cours d’initiation ».
1950 Une école nomade est créée dans le Hoggar. Elle était composée d’une section sédentaire (dans le campement de l’Aménokal) et de deux sections nomades dans les montagnes du Hoggar)
1955 Création des Centres Sociaux
1956 Le besoin d’enseignants était tel qu’il fallut créer le Corps des Instructeurs qui bénéficiaient d’une formation spéciale. 

La rébellion affectant durement l’enseignement, l’armée en accord avec le Rectorat d’Alger rouvre les écoles avec l’aide d’instituteurs civils et militaires.

 

Documents.

page Gaulois

 

Classes de pacification par l’armée

En 1956 la rébellion affecte durement l’enseignement primaire, détruisant ou endommageant 300 écoles, provoquant la fermeture de 400 autres par mesure de sécurité. L’armée en accord avec le Rectorat d’Alger, rouvre les écoles avec l’aide d’instituteurs civils et militaires.

En 1959 : 1200 enseignants militaires animent un millier d’écoles et de centres de formation où 75000 enfants sont accueillis

 

Mme  DAMON de Guyotville, institutrice à N’Gaous (près de Batna avec ses élèves en 1930-1931 (Photo de Henri AGULLO)

 

Ecole Gaston Julia (Sidi Bel Abbès) CM2 1961-1962

 

L’instituteur ….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

…  je présente avec plaisir ce livre qui évoque un passé de ma Kabylie et qui témoigne du cheminement destiné à unir en moi deux races et deux cultures.

                                                                                                           Juin 1979 Ibazizen

Le pont de Bereq’mouch, c’est en Kabylie, au fond d’un ravin vertigineux, le petit ouvrage de pierre qu’il faut franchir pour atteindre le premier village français : Fort-National.

Le bond de mille ans, c’est le cheminement obstiné, passionné d’un Berbère vers l’Occident, vers la France.

Petit-fils d’un guerrier qui combattit notre pays, fils de l’un des six premiers instituteurs de Grande Kabylie, Ibazizen est un des fruits exemplaires de la rencontre de sa race et de la culture française….

… une fois franchi le pont de Bereq-mouch, – son Rubicon – il trouvera une seconde patrie. Il ne s’agit pas là d’aliénation mais d’une libération enrichissante, d’un épanouissement de la « berbéréïté » au sein de la « francité ».

L’enfant Kabyle deviendra Conseiller d’État à Paris

 

Mouloud Ferraoun, recevant le prix littéraire de la Ville d’Alger, pour son livre  « Le fils du Pauvre » disait :

«Je suis heureux d’avoir obtenu le prix littéraire de la Ville d’Alger…—Votre choix … est un hommage à l’école primaire puisque l’un de ses enfants, l’un des plus humbles sans doute, qui n’a appris le français que sur ses bancs, est reconnu digne, aujourd’hui, de recevoir un prix littéraire…

« Quoi qu’il en soit, j’aimerais vous redire ma fierté, ma joie et mon émotion. Le lauréat, Messieurs, n’est pas l’instituteur du bled qui a retenu vos suffrages, mais l’école française d’Algérie dont il est un produit authentique. Et c’est en son nom que je vous remercie. »

 

Abderrahmane Farès

Instituteur en Algérie, déclarait en 1954 : « S’il est en Algérie, un domaine où l’effort de la France ne se discute pas, c’est bien le domaine de l’Enseignement. On peut et on doit dire que l’Ecole a été un succès certain. Les vieux maîtres, les premiers instituteurs ont apporté toute leur foi pédagogique, sans arrière pensée et leur influence a été extrêmement.

 

 

 

 

 

 

Evolution des effectifs de l’enseignement PrimairePublic en Algérie de 1879 à 1961 en milliers d’élèves (sans les C.E.G.)

 

Nos sources.

1830-1962 des enseignants d’Algérie se souviennent

Pierre Goinard : Algérie : l’œuvre française.

http://histoire.piedsnoirs.org

HISTORIA spécial : juin 1987

 

L’enseignement secondaire et technique

L’Enseignement secondaire et technique.

 

 L’Enseignement secondaire.

 

Enseignement européen.

Les programmes des lycées et collèges sont exactement superposables à ceux de leurs homologues métropolitains. La langue arabe était enseignée au même titre que d’autres langues vivantes.

En 1875, pour un total de 1460 élèves français, 212 étrangers, 212 israélites il n’y avait que 226 musulmans.

En 1881 les 2 lycées d’Alger et de Constantine, les 8 collèges d’Oran, Mostaganem, Philippeville, Bône, Blida, Médéa, Tlemcen, Sétif et 4 établissements privés totalisaient 3142 élèves. Le baccalauréat à cette date n’avait lieu qu’à Alger devant des jurys venus de Métropole.

En 1959 les effectifs secondaires atteignaient 40695 élèves (sans les enseignements libre et technique) dont plus de 10000 musulmans et il fallait prévoir 2000 élèves de plus chaque année, l’équivalent de 2 établissements nouveaux à ajouter aux 25 lycées (dont 8 pour les filles) et 24 collèges (11 pour les filles) existants.

Au total l’effectif des professeurs dépassait 1500.

L’Académie d’Alger admis en 1959, 3293 bacheliers à la 1ère partie et 2354 à la 2ème.

La proportion de jeunes musulmans allait croissant : jusqu’à 50% dans certains collèges.

Enseignement musulman.

Lors de l’arrivée des Français, des médersas et des zaouïas instruisaient ceux qui aspiraient à devenir cadis ou khodjas, oulémas ou mouderrès enseignant le Coran.

Sous le second Empire avaient été ouverts à Alger et à Constantine, deux collèges franco-arabes où des professeurs français enseignaient conjointement avec des musulmans.

A l’avènement de la IIIème République ils furent supprimés dans l’optique de l’enseignement unique.

Auparavant, en 1850, trois médersas avaient été réorganisées par l’Etat à Tlemcen, Constantine et Médéa. Plus tard le recteur Jeanmaire éleva le niveau des études en portant leur durée à 4 ans.

En 1904-1905, sur l’initiative du gouverneur Jonnart deux grandes médersas furent édifiées à Alger et à Tlemcen. Les professeurs étaient français et indigènes. Cependant les étudiants algériens étaient nombreux à préférer les universités de Tunis, Fès ou Le Caire.

En 1944 une nouvelle mutation, introduisant la préparation du baccalauréat en français les ranima un peu. Quelques années plus tard c’est leur transformation en lycées franco-musulmans, deux à Alger dont l’un féminin, un à Constantine, un à Tlemcen, qui leur ramena des élèves.

 

En marge de l’enseignement français ; les médersas.

L’Association des Oulémas organise en 1917 de petites médersas auxquelles s’était ajouté en 1947 un Institut Ben Bâdis à Constantine (700 étudiants) pour fournir des maîtres à leurs écoles élémentaires et préparer ceux qui poursuivraient des études supérieures dans des Universités islamiques, en particulier la Zaytouna de Tunis. En 1955, 58 établissements de l’association des Oulémas instruisaient 11000 élèves en langue arabe moderne, les disciplines religieuses, insistant moins sur les matières scientifiques que dans les écoles de l‘Etat.

Les médersas sont les écoles coraniques autrefois chargées de l’éducation des étudiants en théologie, en histoire ou en sciences. Ces « universités coraniques » furent implantées dès le XIIe siècle, souvent situées près des mosquées et leur architecture repose traditionnellement sur une vaste cour rectangulaire à ciel ouvert, pourvue d’un large bassin à ablutions et d’un déambulatoire. A l’extrémité de cette cour, la salle de prière (haram) est souvent un pur joyau de décoration. Les murs, ornés de zelliges et finement ciselés, sont généralement très hauts et coiffés d’un toit de tuiles vertes en forme de pyramide. A l’étage, les chambres sont de petites cellules où s’entassaient les étudiants

Chronologie.

1830 Des médersas et des zaouïas* instruisaient ceux qui aspiraient à devenir cadis ou khodjas*, oulémas* ou mouderrès* enseignant le Coran.
1835 Ouverture d’un lycée à Alger pour l’enseignement des Européens : 10 élèves.
1860 Il devient Lycée Impérial.

Création d’un Institut Secondaire à Constantine et de 4 Collèges à Oran, Mostaganem, Bône, Philippeville.

Second Empire Ouverture de 2 collèges franco-arabes à Alger et Constantine où des professeurs français enseignaient conjointement avec des  musulmans. Ces 2 collèges furent supprimés à l’avènement de la IIIème République dans l’optique de l’enseignement unique.
1850 Trois Médersas* sont réorganisées par l’Etat à Tlemcen, Constantine et Médéa qui faillirent disparaître après 1871.
1868 Installation du futur lycée Bugeaud à Alger.
1881 Le collège d’Oran est déclaré lycée national.
1883 Par décret du 9 juillet, l’Ecole de Dellys devient Ecole Nationale des Arts et Métiers. Elle deviendra en 1950 Ecole Nationale Professionnelle, placée sous l’autorité du Ministère de l’Education Nationale.
1887 Création de lycées à Oran et à Constantine.

Premiers collèges à Blida, Médéa, Tlemcen et Sétif.

1904-1905 Création de 2 grandes médersas à Alger et à Tlemcen dont les professeurs étaient français et musulmans.
1917 L’association des Oulémas organise de petites médersas.
1944 Dans les médersas, à côté de la préparation des magistrats et des mouderrès, la préparation du baccalauréat en français fut introduite. Ces médersas furent transformées quelques années plus tard en lycées franco-musulmans et largement ouvertes aux Européens.
1947 Création par les oulémas d’un Institut Ben Bâdis à Constantine.

 

Médersa d’Alger   Médersa de Tlemcen

 

Lexique

Khodja : secrétaire, greffier.

Médersa = Madrassa : collège, université dépendant de l’autorité religieuse dans les pays musulmans.

Mouderrès : professeur enseignant la langue arabe dans les écoles primaires et secondaires ;

Ouléma = Uléma : docteur de la loi et théologien musulman. De nos jours, savant en général et professeur de médersa.

Zaouïa : maison de confrérie, établissement d’enseignement musulman primaire ou secondaire.

Zaytouna : célèbre université de Tunis.

 

Quelques établissements et classes en images

Bône. Le collège de jeunes filles

Alger. Le Lycée Bugeaud

Sidi Bel-Abbès. Lycée Laperrine

Oran. Lycée Lamoricière
                                               Oran. Lycée Fromentine

 

 

             Blida. Lycée Duveyrier 2nde Professeur M. Nacef (1961/1962)                                                Blida. C.C. de l’Orangerie 3ème année

 

L’enseignement technique.

L’enseignement technique à Constantine

En 1925, un Centre d’Apprentissage est créé sous le patronage de la Mairie et de la Chambre de Commerce et de l’Industrie.

En 1930, ce Centre d’Apprentissage se transforme en Ecole Pratique d’Industrie (EPI). Entrée sur concours, les études duraient 3 ans.

En 1946, l’Ecole devient Collège Technique. Les études passent à 4 ans.

En 1951, le Collège devient Lycée Technique (études 6ans), sous l’égide de l’Education Nationale.

Les études étaient sanctionnées par l’obtention d’un CAP (Certificat d’Aptitudes Professionnelles), d’un BEI (Brevet d’Enseignement Industriel), d’un BEC (Brevet d’Enseignement Commercial) et d’un Baccalauréat technique. Les débouchés étaient importants localement.

L’Algérie comptait 3 Collèges Techniques, 11 sections techniques de Collèges.

D’autre part on comptait 20 centres d’apprentissage et 21 centres de formation professionnelle des adultes.

Dellys Ecole des arts et métiers

En 1950, l’Ecole devenait une E.N.P. et était placée sous le Ministère de l’Education Nationale, attirant du même coup tous les crédits nécessaires.

C’était la seule école de France qui regroupait dans son enseignement, en plus des disciplines d’Industrie, une section d’Horlogerie (réservée jusqu’en 1950 à l’E.N.S. de Closes), une section de Froid (réservée à l’E.S. de Saint-Ouen), et une section de Travaux Publics.

De 1880 à 1962, 77 promotions sont passées, représentant une formation d’environ 2800 Gadz’arts dellyssiens qui étaient ensuite affectés dans des Services de l’Etat ou des Etablissements publics : Ponts et Chaussées, Mairie, Cadastre, Equipement, Génie rural, PTT, EGA, CFA.Dellys.

Quelques classes en images.

Nos sources.

Pierre GOINARD, « Algérie, l’œuvre française » édition Robert LAFFONT :

Photos : « L’Echo de l’Oranie »

http://perso.wanadoo.frvenis/Alger/enseignement/textes/institut_etudes_nucleaires_cercle99.htm

http://histoire.piedsnoirs.org/dossiers/faurestier/

Enseignement Supérieur

Enseignement Supérieur

 

La Faculté de Médecine.

Elle s’est illustrée par de grandes découvertes et de grands savants. (Voir l’article « Médecine en Algérie »)

 

La Faculté de Droit.

Les maîtres de la Faculté de Droit eurent fort à faire pour en plus des programmes communs avec ceux de France, enseigner la Législation Algérienne, le Droit Musulman, les coutumes indigènes. En 1896 R. Estoublon publia avec Lefébure, un Code de l’Algérie que complétèrent à partir de 1905, la « Revue algérienne de législation et de jurisprudence » ainsi que d’autres périodiques.

En 1962 on comptait 25 chaires, dont :

1 de Législation algérienne

1 de Droit musulman : Morand ( de 1895 à 1932)

1 de Droit et Sciences coloniales

1 de Sociologie nord-africaine

1 d’Economie algérienne.

 La Faculté de Lettres.

Issue de l’Ecole Supérieure fondée par Emile Masqueray, la Faculté de Lettres était, elle aussi, caractérisée par sa double polarité : à l’enseignement de type métropolitain s’ajoutait l’étude approfondie du Maghreb et de l’Islam. Au total : 26 chaires dont :

1 de Préhistoire

1 de d’Histoire antique : Stéphane Gsell

1 de Géographie

1 de Civilisation musulmane

1 de l’Occident musulman

1 du Maroc

1 de Langue arabe : René Basset, Mohamed ben Cheneb puis H. Pérès qui  assura la publication du « Bulletin des études arabes »

1 de Berbère : André Basset qui publia en 1952 les 4 volumes du « Dictionnaire Français-Touareg » du Père de Foucauld

1 d’Archéologie musulmane : Georges Marçais.

 

La Faculté des Sciences.

Comme les autres Facultés algéroises, celle de Sciences assumait une double tâche : elle enseignait les disciplines générales et spécialisées.

Elle organisa en 1931 un Institut de Météorologie et de Physique du Globe qui, l’année suivante créa un Laboratoire Annexe à Tamanrasset.

Elle disposait de l’Observatoire de Bouzaréah où avait été construit un four solaire expérimental (parabole de 50 m2 ) ainsi que des Stations Marines, à Castiglione où le Directeur était le Pr. Dieuzeide et à l’Amirauté.

Elle s’était placée en avant-garde, les dernières années en créant un Institut d’Etudes Nucléaires confié au professeur Blanc-Lapierre en 1955.

 

En 1962 on comptait 17 Chaires et 20 Maîtrises de Conférences :

En Botanique le titulaire fut pendant 38 ans, M.  R. Maire qui créa un immense herbier, mondialement connu.

En Chimie Générale, le Pr. Berlande.

En Mathématiques, le Pr. Cirrus.

 

Entre les différentes Facultés s’étaient instaurées des liaisons étroites et fructueuses par la création de l’I.R.S. (Institut de Recherches Sahariennes) relevant des 4 Facultés.

 

Institut d’Etudes Nucléaires de l’Université d’Alger.

En 1955 le professeur Blanc-Lapierre fit créer par décret, à la Faculté de Sciences de l’Université d’Alger, les Enseignements du 3ème Cycle permettant de délivrer les Diplômes d’Etudes Approfondies (DEA) de Physique Nucléaire.

La construction de L’I.E.N.U.A. débuta en 1956 et les Accélérateurs furent installés en 1958-1959. Les travaux de constructions et d’équipements continuèrent (toujours sous financement français). L’inauguration de la 2ème tranche des bâtiments de l’I.E.N.U.A. eut lieu ….. 1 an après l’Indépendance.

 

L’effectif des étudiants passait d’un millier au début de  siècle à 7000 en 1960.

Cependant l’université ne rassemblait pas tous ceux du pays. Certains Européens et Musulmans préféraient s’inscrire en France. Certains Musulmans étaient attirés par les universités islamiques. En 1954, 900 étaient inscrits à Tunis, 200 à Fès, 30 au Caire.

 

L’Université d’Alger

             En 1959 elle était devenue aussi importante que les Facultés provinciales. Celle de Droit se classait 3ème de France par le nombre de ses étudiants, 2ème par celui de ses chaires et les Sciences attiraient maintenant plus d’élèves que le Droit.

L’Université d’Alger était caractérisée par une double polarité : à la fois intégralement française et maghrébine par ses implications islamiques, berbères et sahariennes.

Alger faisait de plus en plus figure de petite capitale universitaire qui allait bientôt se décentraliser vers Oran et Constantine.

 

La bibliothèque des Facultés

 Elle était installée, dès 1888, dans la partie centrale du bâtiment de l’Université.

Les étudiants des quatre Facultés s’y côtoyaient. Ils avaient à leur disposition 500 000 volumes et 1275 revues dont 630 étrangères

 

 

 

 

 

 

 

Institut agricole de Maison-Carrée

 

 

 

En 1905, la vieille école régionale de Rouïba est transférée à Maison-Carrée.

En 1918 elle est transformée en Institut Agricole et en 1956 devient Ecole Nationale délivrant le diplôme d’Ingénieur agricole

(Voir « l’agriculture »)

 

 

 

 

 

 

 

Station marine de Castiglione

 

Institut d’Etudes Nucléaires de l’Université d’Alger.

En 1955 le professeur Blanc-Lapierre fit créer par décret, à la Faculté de Sciences de l’Université d’Alger, les Enseignements du 3ème Cycle permettant de délivrer les Diplômes d’Etudes Approfondies (DEA) de Physique Nucléaire.

La construction de L’I.E.N.U.A. débuta en 1956 et les Accélérateurs furent installés en 1958-1959. Les travaux de constructions et d’équipements continuèrent (toujours sous financement français). L’inauguration de la 2ème tranche des bâtiments de l’I.E.N.U.A. eut lieu ….. 1 an après l’Indépendance.

 

Chronologie.

1859 Inauguration à Alger d’une Ecole de Médecine et de Pharmacie (dans la basse Kasbah) rattachée à la Faculté de Montpellier.
1879 La loi Jules Ferry permet de créer 3 Ecoles supérieures de Droit, Lettres et Sciences.Création de la Bibliothèque de l’Université  d’Alger.
1887 Les 4 Ecoles Supérieures sont regroupées sur l’emplacement du camp d’Isly.
1896 Une loi érige en Universités ces Ecoles Supérieures.
1901 Création de l’Ecole Supérieure de Commerce d‘Alger (Etablissement privé reconnu par l’Etat, géré par la Région Economique d’Algérie et contrôlé par la Direction de l’Enseignement Technique).
1905 La vieille Ecole Régionale d’Agriculture de Rouïba est transférée à Maison-Carrée.
1909 Ces 4 Universités sont érigées en Facultés.
1918 L’Ecole Régionale d’Agriculture de Maison-Carrée devient Institut Agricole.
1921 Constitution d’un Institut de Géographie.
1931 Un Institut de Météorologie et de Physique du Globe est organisé.
1937 Le décret du 19 mai réorganise la structure des Ecoles Supérieures de Commerce, il uniformise les conditions d’admission.
1946 Création d’un Institut d’Urbanisme.
1947 Décret du 3 décembre : réforme profonde de l’Enseignement Commercial. Toutes les Ecoles Supérieures de Commerce, reconnues par l’Etat sont soumises au même règlement.
1949 Organisation d’un Institut d’Etudes Politiques.
1952 Création d’un Institut d’Etudes Philosophiques.
1953 L’Institut d’Enseignement Technique de Maison-Carrée délivre ses premiers diplômes.
1954 Organisation d’un Institut Préparatoire d’Etudes Juridiques à Oran et Constantine.
1955 Un Institut d’Etudes Nucléaires est construit à Alger par le Pr. Blanc-Lapierre
1956 Création d’un Institut d’Ethnologie.
1957 Organisation d’un Institut de Préparation aux Affaires
1961 Création d’une Propédeutique des Lettres et des Sciences et une 1ère année de Médecine à Oran et à Constantine.

 

Institut d’Enseignement technique

En 1950 par décret paru au J.O. du 27 août l’École est habilitée à délivrer un diplôme d’Ingénieur dans les spécialités : Travaux Publics et Bâtiment.

En 1953 les premiers diplômes étaient délivrés.

Après la création des sections d’Électronique et de Génie Chimique, le décret du 4/6/1960 attribuait à l’établissement le nom d’ «École Nationale d’Ingénieurs d’Alger »

Institut Industriel de Maison Carrée (les salles de cours).

Ecole nationale d’Ingénieurs de Maison-Carrée de la chimie à l’électronique.

 

 

 

 

L’Ecole Supérieure de Commerce était classée parmi les meilleures de France. Comme les Facultés elle assumait l’enseignement de type métropolitain auquel s’ajoutaient l’Economie Algérienne, le Droit Maritime, le Droit Fiscal Algérien, l’Organisation Politique et Administrative de l’Algérie.

Le nombre d’offres d’emplois  faites aux jeunes gens formés par l’Ecole était supérieur au nombre des diplômés

 

 

 

 

 

 

 

Nos sources.

Robert Laffont : Pierre Goinard, « Algérie, l’œuvre française. »

Revue « Képi blanc »

http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis/Alger/enseignement/textes/institut_etudes_nucleaires_cercle99.htm

http://perso.wanadoo.fr/alger-roi.net/alger/ecole_commerce/textes/description.htm