L’agriculture de 1830 à 1962

L’AGRICULTURE  EN  ALGERIde 1830 à 1962

 

LES TERRES

 

Titre de concession

Art 1 Il est fait concession à « Sieur Georges Pfrimmer » cultivateur demeurant à Sidi L’Hassen

1° d’un terrain domanial d’une contenance de 6 ares

2° d’un second terrain de 22ares 50centiares

3° d’un troisième de 11 ha 6ares

Art 2 Le concessionnaire servira à l’état une rente annuelle perpétuelle de 1 franc par ha pour le lot de culture et de 50cts par are pour le lot à bâtir payable par trimestre et d’avance.

Art 3 il devra mettre la totalité des terrains dans un bon état de culture et construire une maison d’habitation

Art 4 il devra planter 25 arbres forestiers ou fruitiers par ha.

Art 8 il devra abandonner à l’état sans indemnités les terrains nécessaires à l’ouverture de routes, canaux etc…

Au bout de 10 ans.

Si toutes ces conditions sont exécutées, le concessionnaire devient propriétaire, dans le cas contraire il sera statué soit la prorogation, soit la déchéance totale ou partielle.

Oran 1858

 

 

RELIEF

L’Algérie d’une superficie de 2 381 000 km², (soit 4 fois plus que la France), est un pays de hautes terres et de montagnes.

Deux chaines morcelées enserrent les hauts plateaux :

  • Au nord l’atlas Tellien se présente sous forme de plissements ou de bandes longitudinales.
  • Au sud l’atlas saharien est formé de massifs isolés.
  • Au centre, une steppe (800m d’altitude) forme les hauts plateaux.

 

LE CLIMAT. LES COURS D’EAU.

En raison de son étendue et de sa structure, l’Algérie offre une grande diversité de climats.

  • La zone littorale jouit d’un climat méditerranéen, très doux.
  • Les hauts plateaux, en partie soustraits à l’influence maritime, par la muraille de l’ATLAS TELLIEN ont un climat continental.
  • Il y a deux saisons :
    • La saison sèche, de Mai à Octobre.
    • Et la saison pluvieuse d’Octobre à Mai.
  • Il pleut davantage d’Est en Ouest (Bône 1200mm, Alger et Oran 700mm). Les pluies se font plus rares en allant vers le Sud (Hauts plateaux 200 à 400mm)

Les cours d’eau, ou oueds, sont à sec en été et deviennent des torrents en hiver. Aucun n’est navigable.

Superficie arable (cultivable)

En Algérie 21%                 En France 61%

LE JARDIN D’ESSAI DU HAMMA

 

 

 

 

 

 

 

LE JARDIN D’ESSAI D’ALGER  (1832/1962)

 

1832: création par les Maréchaux BUGEAUD et SOULT d’une pépinière centrale du Gouvernement à l’Est d’Alger dans les marécages qu’il fallut d’abord assainir.

Le but poursuivi était :

  • L’installation
  • L’acclimatation
  • La multiplication des diverses espèces végétales qui devaient peupler la campagne Algérienne et contribuer à sa mise en valeur

1832/1842 introduction de végétaux d’origine métropolitaine.

1843/1867 A cette période on dénombre 8214 espèces. L’acclimatation de végétaux divers : eucalyptus, (précieux pour l’assainissement), arbustes, plantes vivaces …. est effectuée sous la direction de A. HARDY et C. RIVIERE

1868/1913 renommée mondiale.

1900 création par Joseph D’ANGE d’un parc zoologique, lions, panthères……

1913/1940 : Le jardin devient « établissement du gouvernement général ».C’est un organisme central :

  • d’expérimentation: recherches très ciblées sur des espèces florales, Strelizia, Gerbera                                             Allée des Dracenea   jardin du Hamma
  • d’enseignement avec l’école ménagère et l’école d’horticulture.

Des variétés de végétaux sont recherchées pour les industries de transformation et l’exportation.

L’arboriculture est développée par M. BRICHET.

1960 le jardin devient un domaine expérimental de l’I.N.R.A. Institut National de la Recherche Agronomique.

 

                                                     Jardin d’essai Alger                                                                                  Ecole d’horticulture  jardin d’essai Alger

 

Insectarium jardin du Hamma

 

ORIGINE DES TERRES

Dès les premières années l’état Français avait occupé le domaine BEYLIK et séquestré les biens vacants des Turcs. S’y étaient ajoutés les biens « Habous » (donations en faveur d’une personne morale religieuse). En échange l’Etat Français prenait à sa charge les frais du culte musulman.

Par ailleurs, d’autres terres ont été gagnées sur de nombreux marécages très insalubres.

A partir de 1854 l’Etat commença à vendre des concessions qui étaient très exigües.

La IIIème République élargit la surface de ces lots de 40 à parfois 200.ha dans le Constantinois, loués 1F l’hectare puis gratuits à partir de 1878.

Le titre était délivré au bout de 9 ans de résidence, puis de 5 ans à partir de 1874 et enfin à 3 ans à partir de 1878.

 

D.R.S.  Défense et Restauration des Sols

Sur les sols préparés par la D.R.S. les plantations annuelles étaient de 400 000 arbres fruitiers et 4 000 000 arbres forestiers

 

Région de l’oued ZID (janvier 1962)

5000 hectares en cours de restauration par la D.R.S.

 

Des terres gagnées.

Des terres ont été gagnées sur des friches, des marais et des sols abandonnés. Les seules plaines de la MITIDJA, d’ORAN et de BÔNE, lieu d’élection des roseaux et des moustiques en 1830, furent transformées en 500 000ha de cultures et de vignes.

Ces terres ont été « fabriquées » par plusieurs générations d’agriculteurs au prix de la « sueur », de la maladie et de la mort.

Les trappistes plantent des eucalyptus pour assécher le sol. Cet arbre, importé d’Australie et acclimaté au jardin d’Essai d’Alger, fait merveille dans les plaines du littoral.

 

 

Lac Halloula (Plaine de la Mitidja à l’ouest d’Alger)

 

 

L’assèchement de la MITIDJA fut définiti-vement achevé en 1939 par le percement d’un tunnel qui permit de drainer les eaux du lac HALLOULA sous les collines le séparant de la mer.

 

 

 

 

Plaine de la Mitidja (à l’ouest d’Alger)

Nos sources :

  • « Alger Revue » B. VENIS
  • « Algérie Française de Ph. » HEDUY
  • « Cercle Algérianiste »
  • « France Horizon »
  • Internet
  • « L’œuvre française en Algérie » P. GOINARD

 

 

LE DEVELOPPEMENT

 

 

Marcel  BARBUT (1897-1992)

 

Ancien inspecteur général de l’agriculture, fut certainement l’artisan le plus prestigieux de l’œuvre agricole en Algérie. Il représentait la France dans les congrès internationaux à Rome, en Libye, au Portugal.

Il s’est beaucoup intéressé aux problèmes de l’agriculture

 

Il s’est beaucoup intéressé aux problèmes de l’agriculture traditionnelle musulmane, s’insurgeant contre le préjugé des étudiants musulmans qui marquaient leur préférence pour la faculté des lettres, de droit, de médecine, estimant peut être que les études agricoles n’étaient pas un bon moyen de promotion sociale.

 

 

 

Eugène MILLION 1812 – 1867

 

Professeur de chimie au Val de Grâce, devient pharmacien en chef à la division d’Alger.

Parmi ses travaux citons ceux sur les composés oxygénés du chlore, l’éther nitrique et le réactif au nitrate mercurique pour la caractérisation des protéines (1849).

En 1845 il publia « un traité de chimie organique ».

Durant son séjour en Algérie les travaux d’Eugène MILLION constituèrent un véritable guide pour les agriculteurs. Il étudia les blés et leur ensilage, écrivit un mémoire sur la culture des plantes à essence et leur distillation. Il entreprit l’analyse des eaux minérales de l’Algérie et améliora la production et la qualité du lait.

 

 

 

André LEPIGRE

Directeur de l’Insectarium   (Jardin d’Essai) Ingénieur en chef des Services Agricoles, il avait acquis une renommée mondiale.

Hautement qualifié en entomologie s’était spécialisé dans la recherche, l’analyse et l’essai d’élevage d’insectes concernant l’agriculture.

Dans ce but il réalisa un gigantesque travail de recherche, de classement, et d’identification des insectes parasites des cultures. Il a consacré une grande part de son activité à l’étude de la vulgarisation de l’utilisation des gaz toxiques dans la lutte des insectes qui s’attaquent aux produits d’origine agricole (désinsectisation au bromure d’éthyle pour les figues sèches).

Il a été amené à œuvrer dans d’autres domaines notamment la médecine pour arrêter la propagation de la peste bubonique.

 

Ecole Nationale Agronomique d’Alger

De 1830 à 1880, l’enseignement agricole est dispensé par les Pères Blancs puis dans les écoles communales rurales.

1881 création de l’école pratique d’agriculture de Rouïba

1905 transfert de l’école d’Agriculture Algérienne à Maison Carré

1914/18 fermeture de l’école à cause de la mobilisation.

1919 réouverture de l’école.

Réorganisation de l’enseignement, relèvement du concours d’entrée. Création de chaires. Construction de laboratoires.                                                                 Ecole Nationale d’Agriculture                                                                    

28/02/1921 l’Etablissement devient : l’Institut Agricole d’Algérie (I.A.A.).

1946 la loi du 22/05 assimile l’IA aux Ecoles Nationale d’Agriculture de Métropole en sanctionnant les études d’un diplôme d’ingénieur agricole.

A la fin de la guerre le programme de construction et d’aménagement, fut poursuivi jusqu’en 1962.

Les installations étaient spacieuses pourvues de matériel moderne (microscope, bibliothèques…). Plusieurs amphithéâtres avaient été construits.

1961 (décret du 20/06) l’I.A.A. devient E.N.S.A.A (Ecole Nationale Supérieur Agronomique d’Alger).

 

Ecole nationale d’Agriculture

Vue Générale sur l’Institut Agricole et la baie d’Alger.

Enseignement dispensé par les Ecoles d’Agriculture

 Les écoles d’agriculture ont constitué avec l’Institut Agricole un maillage de stations liant « RECHERCHES et ENSEIGNEMENT » dans de nombreux domaines :

agriculture : techniques de culture, assolement, rotations céréales, fourrages, obtention de nouvelles variétés et sélections de semences.

agrumiculture : recherches variétales

apiculture: modernisation, exploitation et renouvellement des essences centre d’apprentissage de Mechtra.

arboriculture : méthode de taille, séchage des fruits.

cultures industrielles : tabac, coton, lin.

DRS Défense et Restauration des Sols: création de banquettes pour planter : oliviers, arbres fruitiers.

économie rurale

élevage : de 1947 à 1954  2200 géniteurs ont été donnés gratuitement.

forêt : exploitation et renouvellement des essences.

hydraulique

industries connexes

irrigation : construction de barrage : irrigation et stockage de l’eau.

lutte contre les maladies emploi des coccinelles.

mécanique et électronique entretien du matériel.

œnologie : méthode de vinification des vins.

technologie : énergies renouvelables.

viticulture

zoologie : méthode de lutte contre les prédateurs, criquets, insectes….

zootechnie : conservation des races rustiques.

 

« RECHERCHES et ENSEIGNEMENT » conjugués ont fait de l’Algérie le premier pays agricole du Maghreb.

                         Ecole d’agriculture de Sidi Bel Abbes                                                                Ecole d’agriculture de Guelma                                     

  

Cours complémentaires d’enseignement agricole.

Sous l’impulsion du Recteur JEANMAIRE, en plus des écoles primaires élémentaires chargées de l’enseignement de l’agriculture il fut mis en place :

-un réseau de cours d’enseignement agricole dans les villages les moins développés.

-un réseau de cours post scolaire agricole.

 

L’enseignement des C.C.E.A. était réparti sur 36h.

  • 12h d’enseignement général
  • 9h d’agriculture théorique
  • 9h d’agriculture pratique
  • 6h d’atelier: mécanique agricole, forge, menuiserie

L’instituteur était tour à tour: conseiller technique agricole, animateur de stage, porte parole des services Algériens de l’arboriculture de l’agriculture, de la défense et restauration des sols, des eaux et forêts.

En agriculture proprement dite il a favorisé la diffusion de semences sélectionnées

 

Sociétés Indigènes de Prévoyance (S.I.P.) au Paysannat.

1880 le gouverneur TIRMAN décida la création de S.I.P. qui était également des agences de crédit.

1936 les S.I.P. furent autorisées à remplir le rôle de coopératives.

1946 après la 2° guerre l’administration algérienne fut amenée à créer une nouvelle organisation afin d’initier les fellahs aux techniques utilisées par les exploitants évolués et surtout de les leur faire appliquer afin d’élever leurs conditions de vie.

Les S.I.P. devinrent des S.A.R (Secteurs de l’Amélioration Rurale) dans lesquels étaient réunis des cultivateurs dotés de matériel approprié sous la conduite de moniteurs qualifiés recrutés dans le milieu rural indigène.

Des résultats substantiels ont été obtenus :

91 S.A.R. de céréaliculture pourvus de 500 tracteurs couvrant 2 millions d’hectares regroupaient 150 000 fellahs.

68 S.A.R. d’élevage intéressaient 100 000 pasteurs.

34 S.A.R. d’arboriculture ont planté plus de 3 000 000 d’arbres.

 

 

LES CULTURES, L’ELEVAGE

 

LES COOPERATIVES

1904 Fondation de la première Coopérative vinicole à Dupleix (Algérois) pour lutter contre la mévente des vins.

Le mouvement de Coopération Agricole prit un essor extraordinaire, contribuant dans certains domaines au rapprochement des deux ethnies en une solidarité d’intérêts.

En 1954 on comptait 530 Coopératives.

181 caves groupaient 5400 viticulteurs, avec des installations et des techniciens auxquels des exploitations individuelles n’auraient pu prétendre.

Quatre Coopératives fruitières et maraichères (Boufarik depuis 1922, Rovigo, Assi-Bou Nif, Bône).

32 Coopératives de céréales (6000 adhérents)

Trois Tabacoop (Bône, Boghari et la Mitidja) 2000 adhérents en grande partie très modestes.

100 Coopératives de monoculture.

 

LES OVINS

L Algérie était réputée pays du mouton, mais, en 1958 on dut en importer 120.000.

Pour intensifier l’élevage des ovins il fallut

  • créer des prairies artificielles. En 1952 il y avait 56.000ha de luzerne trèfle d’Alexandrie, vesce d’avoine (1 ha de luzerne équivalant à

200 ha de haute plaine à mouton). On planta plus d’un million de raquettes de cactus inermes (sans piquants).

  • augmenter les surfaces de pacage en creusant des points d’eau avec un maillage de 15 kilomètres (15 km c’est la distance que parcourt le troupeau par jour) 10 000 bêtes pouvaient boire autour d’un point d’eau. En 1958 les travaux furent interrompus pour des raisons de sécurité.
  • créer des stations d’élevage et de sélection: à Boghar (dès 1833) puis à Djelfa et Laghouat.

En 1920 Mr Trouette directeur du service de l’élevage organisait une station à Tadmit près de Djelfa rassemblant 40 béliers et 500 brebis à laine blanche et

longue desquels provinrent 2.000 géniteurs sélectionnés cédés gratuitement aux pasteurs (entre 1947 et 1956).

Filature et tissage de la laine de moutons.

2 usines ont été ouvertes en Oranie pour le traitement de la laine.

                                                 

RECENSEMENT DE 1952

     Indigènes     Européens         Total
Ovins ……………..

Caprins …………..

Bovins ……………

Chevaux …………

Mulets …………..

Anes ……………..

Chameaux ……..

Porcins ………….

 

Total ………

        5 314 000

3 175 000

718 000

155 000

172 000

356 000

156 000

—-

—————

10 046 000

             714 000

79 000

128 000

61 000

66 000

7 000

78 000

———–

1 133 000

          6 028 000

3 254 000

846 000

216 000

238 000

363 000

156 000

78 000

————-

11 179 000

 

Puits Albien (1400m de profondeur)

Ce puits permettait en 1956 d’augmenter de 25 hectares les palmeraies de MEKHADMA (Ourgla)

 

Canaux d’irrigation

 

LES CEREALES

A l’exception des 3 plaines littorales : d’Alger Mitidja, d’Oran et de Bône qui ne produisent pratiquement pas de blé la pauvreté des sols et la sècheresse du climat imposent de ne semer qu’une année sur deux. La jachère biennale était déjà appliquée par les Carthaginois.

Par comparaison :

Production : 30 ha de terre en France    =  200 ha de terre en Algérie.

Rendement : 25 quintaux en France                 =   4 à 9 quintaux en Algérie.

 La céréaliculture remonte presque à la préhistoire, elle évolue en climat méditerranéen aride ou semi-aride, le rendement annuel est très irrégulier.

Le généticien Léon DUCELLIER avait assemblé une ample collection de tout le Maghreb et l’orge de Tripoli fut diffusée en raison de sa précocité.

 

Conditionnement des céréales.

60 meuneries (certaines puissantes et très modernes) Alger, Oran, Sétif, Constantine, Blida produisaient outre les farines :

500 000 quintaux de semoule

300 000 quintaux de pâtes

125 000 quintaux de couscous

 

Moyennes des céréales de 1949 – 1953

  Surfaces cultivées

(en hectares)

Production

(en quintaux)

Orge

Blé dur

Blé tendre

Avoine et divers

Fèves et fèveroles

Pois ronds

Pois chiches

lentilles

 1 201 000

1 227 000

402 000

180 000

45 000

40 000

25 000

36 000

8 118 000

7 468 000

2 948 000

1 403 000

271 000

160 000

120 000

210 000

 

  SIDI BEL ABBES        Docks silos

 

LE TABAC.

Lorsque les Français débarquèrent en 1830, très peu de champs de tabac étaient cultivés aux alentours

d’Alger et de Bône

Le tabac à priser, était utilisé dans les narguileh (pipe à eau) et était plus utilisé que le tabac à fumer.

Le Maréchal BUGEAUD et ses successeurs s’occupèrent de la sélection des différentes variétés du tabac. La culture qui était libre se développa lors de la vogue de la cigarette. L’essor était tel qu’en 1907 l’état décida de prélever un impôt.

En 1914 dans la région de Bône, principale productrice à cette époque, 2500 hectares de tabac étaient plantés. Ce fut l’origine de la création d’une coopérative : la TABACOOP.

Les terres devaient être labourées très profondément pour suppléer au manque d’arrosages.

A la récolte, les feuilles de tabac sont enfilées par grandeurs et les manoques (bouquets) disposés en guirlandes sont rangées, sous des séchoirs modernes fournis par la coopérative.

En 1953 les plantations couvraient 26 000ha dans les vallées de la Mitidja, de Bône et de l’Issère (env. d’Alger).

Le tabac était cultivé dans des propriétés de toutes superficies par de petits propriétaires, des familles Musulmanes et modestes.

                                    3 docks de la Tabacoop    Bône 1928                                                                                  Séchoir à tabac

 

LE COTON.

Très ancien en Algérie le coton était cultivé comme plante d’ornement.

En 1858 A. HARDY avait étudié 46 variétés de coton au Jardin d’essai

Le coton était cultivé dans des terres chaudes et humides de BÔNE (la Seybouse), de BOUGIE (la Soumman) ainsi que dans les terres alluvionnaires du Cheliff, du Sig (la Macta).

 

 

 

 

 

 

Un champ de coton

 

Quatre usines furent construites à MAISON CARREE, BÔNE, ORLEANVILLE, St DENIS DU SIG.

En 1958 la production cotonnière était de 1 million de tonnes de fibre brute.

      

LA TOMATE.

La tomate, plante méditerranéenne par excellence, était cultivée dans presque toutes les régions d’Algérie.

Aucune autre culture, ne présente autant de diversités, quant aux techniques de production.

Le littoral Ouest d’Alger était, une zone de prédilection de la tomate primeur, en grande partie exportée.

La région de Bône cultivait une seule catégorie qui arrivant en masse sur les marchés donna l’idée en 1922 de créer une coopérative la « TOMACOOP » en vue de l’industrialisation.

 

 

 

LA POMME DE TERRE

Dans un Douar de grande Kabylie où la pomme de terre était inconnue en 1935, et grâce aux efforts du directeur d’école, 2 ans plus tard, plusieurs tonnes de semence de tubercules furent plantées.

               Exportation en 1954

Pommes de terre …1 000 000 quintaux

Tomates ……………..   300 000 quintaux

Artichauts …………..   250 000 quintaux

Carottes ……………..   350 000 quintaux

 

LA VIGNE.

Alors que la vigne était déjà cultivée du temps des Phéniciens, en 1830 il n’existait plus dans la Régence qu’environ 2000 ha de parcellesdispersées.

En 1850 le vignoble connut un essor specta-culaire accéléré en 1860 par l’apparition du phylloxera qui détruisit la vigne en métropole.

C’est alors que l’Algérie prit une avance d’un quart de siècle sur le Languedoc notamment par le choix rigoureux de cépages et par les progrès de la vinification en pays chauds.

Les vinificateurs devaient utiliser des levures sélectionnées par l’Institut

Pasteur à partir de : souches indigènes de Mascara et recourir à des procédés ingénieux de réfrigération.

Les caves étaient devenues des usines et des laboratoires, où des chimistes contrôlaient et orientaient la fermentation.

La qualité des vins s’améliora rapidement et certains rivalisaient parfois avec d’authentiques Bordeaux.

Aux vins de plaines de consommation courante s’ajoutaient ceux de coteaux et surtout ceux de montagnes entre 500 et 1200 mètres d’altitude, presque tous classés parmi les V.D.Q.S. (vins délimités de qualité supérieure) et ceux d’appellation d’origine comme Château Romain.

En 1959 le vignoble s’étendait sur 346 700 ha et produisait 18 660 000 hl de vin.

La vigne n’était pas uniquement cultivée en vue de la vinification.

Les raisins de table couvraient 6700 ha et produisaient 250 à 300 000 quintaux.

Du Chasselas précoce de Guyoville et Staoueli était exporté dès fin juin.

La vigne requérait beaucoup d’entretien et de surveillance : enrichissement de la terre, taille, lutte contre les maladies : Cryptogamiques, oïdium, mildiou.

 

 

 

ŒNOLOGIE

En 1907 L. SEMICHON le grand œnologue, disait « une science toute nouvelle est née en Algérie » une œnologie pilote qui diffusa des inventions nées dans des caves modèles privées ou coopératives.

En 1949 les frères Germain firent don à l’I.A.A. d’une cave expérimentale, «véritable station œnologique».

 

L’ARBORICULTURE FRUITIERE.

 

Les palmiers dattiers.

30 000 hectares 6 000 000 de palmiers dattiers.

Les Français creusèrent des puits artésiens qui sauvèrent de la désertification les oasis de l’Oued Righ. Ensuite des forages profonds utilisèrent l’immense nappe albienne.

 

Les oasis de l’ouest saharien menacées de destruction par le bayoudh purent être conservées grâce à Mrs SERGENT et BEGUE, de l’institut Pasteur, qui découvrirent l’agent causal de la maladie (un champignon) et préconisèrent la diffusion de palmiers plus résistants.

D’autre part la pollinisation artificielle par poudreuse doubla la production jusqu’à 100kg par arbre.

 

 

LES OLIVIERS

En 1830 les oliviers, dont la Kabylie détenait près de la moitié, étaient des oléagineux magnifiques, souvent multi centenaires, mais ne donnant que des petits fruits.

Très tôt, les militaires puis les agriculteurs français greffèrent les arbres des plaines. Ceux des montagnes ne le furent que plus tard et partiellement.

L’olive était employée à la fabrication de l’huile, de la conserve, du savon. Les grignons (déchets de l’olive) servaient à l’alimentation du bétail.

 

 

 

 

CULTURE EN BANQUETTES.

Tous les ans, des pluies torrentielles arrachaient des milliers d’hectares de bonne terre sur les flancs des montagnes.

Pour arrêter cet érosion et rendre la terre cultivable il fallut créer des espèces de gradins (des banquettes) sur lesquels on planta des oliviers, des arbres fruitiers ou forestiers, de la vigne…

 

 

 

En 1830 il n’existe que quelques ilots d’arbres fruitiers dans les montagnes du TELL, de la KABILIE, et des AURES.

Les premières années, le développement se fait de manière continue.

A partir de 1936 l’agrumiculture, branche la plus importante de la culture fruitière, prend un essor spectaculaire à la suite de la crise espagnole.

1958 pour les seuls agrumes il existait en Algérie 10300 arbres.

Trois organismes administratifs eurent une action particulièrement marquée pour le développement de l’arboriculture :

  1. LE SERVICE DE L’ARBORICULTURE FRUITIERE qui avait pour vocation:

A- l’expérimentation dans les 2 principales stations.

  • Boufarik traitant essentiellement les agrumes.
  • Sidi-Aïch (vallée de la Soumman, Bougie) orientée vers le figuier, l’olivier.
  • Ainsi que dans d’autres stations expérimentales, dans les écoles d’agriculture et chez de nombreux agriculteurs.

B- la vulgarisation fruitière : rôle dévolu aux ingénieurs et agents, chargés de l’arboriculture dans chaque département.

C- la formation de personnels spécialisés (cours du soir, taille et greffe).

2. l‘OFALAC. Office Algérien d’action économique et touristique.

3. LE SERVICE DE PROTECTION DES VEGETAUX (contrôle phytosanitaire)

 

Les agrumes

L’orange était déjà présente en 1830 à Alger au temps des Turcs.

La mandarine qui elle, n’existait pas fut importée de Padoue par Auguste HARDY directeur du jardin d’essai à ALGER. Elle s’avéra particulièrement savoureuse et se répandit comme un fruit de consommation courante.

La clémentine est une variété de mandarine obtenue en 1892 par le Père CLEMENT, religieux de l’orphelinat de Misserghin près d’Oran. Louis TRABUT la propagea en 1902

Le citron d’été et des 4 saisons couvrait un millier d’hectares

Les agrumes étaient cultivés sur 37 000 hectares et produisaient 3 400 000 quintaux dont 1 000 000 pour la consommation locale (confiture, boisson). Le reste était exporté vers la Métropole ainsi que vers l’Allemagne.

Les 3/4 de la production mondiale de la clémentine soit 600 000 quintaux provenaient de l’Algérie.

Les agrumes demandaient des soins assidus et de constantes études pour lutter contre les maladies et particulièrement contre la terrible « tristeza ».

 

Le figuier.

C’était une richesse autochtone de l’Algérie (9/10 en Kabylie).

6 000 000 d’arbres produisaient 100 000 tonnes de figues.

Contaminée par une larve de papillon, la figue sèche dont 12 000 tonnes étaient exportées, fut sauvée grâce au trempage, dans l’eau bouillante, préconisé par Julien BRICHET et plus tard par la désinsectisation au bromure d’éthyle qu’André LEPIGRE avait mis au point à l’insectarium du jardin d’Essai d’Alger

Les Européens avaient planté des vergers de figuiers pour la confiture sur la côte entre CHERCHEL et TENES.

Nos sources :

  • « L’oeuvre française en Algérie » P; Goinard
  • « Coopération agricole de la région de Bône »
  • « France Horizon »
  • Internet
  • « Alger revue » B.Venis
  • « C.D.H.A »
  • « Ensemble »